La route qui mène à un plaidoyer interreligieux mené par les Africains eux-mêmes est un développement  très significatif du nouveau plan de travail d’AEFJN. Ce n’est pas assez que l’Afrique prenne elle-même son avenir en main .Pour que les efforts de l’immense continent soient vraiment productifs, il faut qu’ils soient perçus comme allant au-delà de ses frontières religieuses et tribales. Cette affirmation repose sur le principe de notre humanité commune. Les valeurs sociales de notre « Ubuntu » transcendent largement nos penchants religieux et nos groupes tribaux. La mondialisation de la démocratie occidentale a sapé l’Ubuntu africain en tant que système de gouvernance et a intronisé à sa place le capitalisme occidental. C’est dans cet esprit qu’AEFJN applaudit l’initiative CIRCA (THE CAPACITY FOR INTER-RELIGIOUS COMMUNITY ACTION PROGRAM) de l’antenne du Kenya. Le fait que cette antenne ait choisi de coopérer au renforcement de la paix et au bien-être économique de la population déchirée par les conflits religieux dans le diocèse catholique de Garissa, au Kenya, constitue une stratégie viable de plaidoyer interreligieux.

CIRCA est un choix délibéré de l’antenne de ce pays pour réunir les chrétiens, les musulmans et les adeptes de la religion traditionnelle africaine autour d’un projet commercial affectueusement appelé Connectors Project qui vise à améliorer leurs conditions économiques et sociales communes. Les participants sont formés au respect des valeurs religieuses, des calendriers religieux et des rituels des autres unités participantes. La philosophie du projet Connector est que lorsqu’il y a un conflit, tous sont perdants. L’objectif primordial du programme est de contribuer au développement humain et à la coexistence pacifique entre les communautés musulmanes et chrétiennes du Kenya. Le résultat a été une amélioration remarquable dans les relations entre les musulmans et les chrétiens du diocèse de Garissa. Les conflits qui ont eu lieu en Afrique au nom de la religion étaient profondément erronés. Suite au succès enregistré à Garissa, l’antenne est encouragée à rechercher davantage d’autres opportunités pour développer et mettre en œuvre des projets islamo-chrétiens communs axés sur le bien commun et élargir ceux qui existent déjà. Ces projets contribueront au développement humain et à la coexistence pacifique grâce à des réseaux interconfessionnels. L’aspect durable de ce projet réside dans les impacts constants qui ont déclenché les interactions des participants. Ces relations durent plus longtemps que les projets et sont devenues la base pour explorer d’autres voies de coexistence pacifique entre les religions.

La structure de l’antenne du Kenya est unique. Contrairement à d’autres antennes où ce sont les congrégations individuelles qui choisissent de souscrire aux antennes, l’antenne du Kenya est soutenue par le Religious Superiors Council of Kenya (branche masculine de la Conférence des Supérieurs Majeurs), la Commission Justice et Paix (RSCK-JPC) et l’Association des Sœurs du Kenya (branche féminine de la Conférence des Supérieures Majeures) et aussi par la Commission justice et paix (AOSK-JPC).  Cette  structure leur donne une grande flexibilité dans le choix de leur programme. D’un côté l’antenne entière peut choisir de lancer un programme commun et de l’autre  les unités collaboratrices peuvent opter de lancer leurs propres programmes indépendamment les unes des autres.

Le programme Connector-Project est une initiative de plaidoyer spécifique de « l’Association of Sisterhoods of Kenya », et de la Commission Justice et Paix (AOSK-JPC) partenaire de l’antenne.  Le projet actuel est aussi soutenu par la Fondation GHR et le Catholic Relief Services (CRS). Ce projet louable dure depuis trois ans. Aujourd’hui cependant l’équipe du Secrétariat craint que l’antenne du Kenya ne puisse plus poursuivre cette belle action dans l’avenir à cause de contraintes financières.

AEFJN salue l’innovation créatrice derrière l’Antenne kenyane comme une réponse efficace à sa vision d’un plaidoyer axé sur l’Afrique. Le mélange dans la composition des principaux moteurs (les différents chefs religieux) et les agents sur place (l’approche multiconfessionnelle) sont tous deux des éléments essentiels dans la construction d’antennes solides et durables. Le cas du Kenya en Afrique de l’Est peut être comparé à celui de la bible. Il est comme l’étoile apparue en Orient et qui a guidé les sages vers le roi nouveau-né. Nous soutenons l’initiative kenyane et appelons les autres antennes africaines à imiter l’approche multiculturelle et multiconfessionnelle de nos frères et sœurs du Kénya. Dans un même ordre d’idées, nous lançons un appel urgent  à financier ce projet naissant. Cette invitation s’adresse tant au large éventail de parties prenantes qu’à nos partenaires. En vue de la cause commune, nous souhaitons ardemment que l’étoile qui s’est levée en Afrique de l’Est guide le plaidoyer africain à un niveau sans précédent.