L’impact combiné du décret du 20 janvier de l’administration américaine imposant une révision de 90 jours et de l’ordre d’arrêt des travaux du 24 janvier a des conséquences graves et immédiates pour les personnes touchées par la crise. Ils perturbent également les partenariats de longue date des organisations confessionnelles avec les acteurs locaux religieux et laïques, sapant ainsi les efforts visant à construire des communautés résilientes.
Nous demandons instamment à l’UE et à ses États membres de prendre des mesures collectives pour atténuer l’impact de ces mesures et de maintenir une politique d’aide qui donne la priorité à la dignité humaine.
Cette décision a des conséquences globales, affectant à la fois les organisations et, plus important encore, les personnes qu’elles servent. Les exemples suivants ne sont que quelques exemples de l’impact humanitaire généralisé, avec d’innombrables autres personnes et communautés confrontées à des crises similaires dans le monde entier.
- 53 000 personnes fuyant le conflit au Soudan ne pourront plus accéder aux services de base dans le pays voisin, le Tchad.
- 57 000 personnes déplacées en Colombie n’auront plus accès aux soins de santé mentale et aux services de prévention de la violence sexiste.
- Dans la région du Tigré, en Éthiopie, touchée par la guerre, les semences de céréales pourriront dans les entrepôts au moment où la saison des semailles commencera. Cette perturbation menace une récolte entière dans une région qui souffre déjà de graves pénuries alimentaires dues aux conflits et aux destructions.
- Les migrants vulnérables du Venezuela et de la région ne recevront plus de bons multisectoriels vitaux qui les aident à migrer en toute sécurité à l’intérieur de la Colombie, leur permettant d’éviter les dangers de la brèche du Darién. Sans ce soutien, leur protection est considérablement affaiblie, ce qui les empêche d’accéder aux transports, aux médicaments de base, à la nourriture et à d’autres fournitures essentielles.
L’impact ne se limite pas à un niveau systémique, des vies individuelles sont directement affectées.
- À Athènes, l’aide juridique accordée à deux réfugiés afghans – tous deux victimes de brutalités policières extrêmes – a été brusquement supprimée. Arrivés en tant que mineurs non accompagnés, ils restent extrêmement vulnérables malgré leur statut légal. Avec l’arrêt du financement, leur dossier reste incomplet, ce qui les expose à un risque extrême de représailles pour avoir cherché à rendre des comptes. L’incertitude a gravement affecté leur santé mentale, les laissant se sentir abandonnés et en danger.
- Une femme iranienne de 33 ans, qui a fui de graves violences domestiques, a également perdu un soutien vital. Récemment expulsée de son domicile à Athènes, elle et son jeune enfant sont désormais privés d’assistance financière et de santé mentale, y compris d’une formation à l’employabilité destinée à l’aider à retrouver son indépendance. Cette perte soudaine d’aide les a plongés dans une situation désespérée, tant sur le plan économique que social et émotionnel.
De nombreuses ONG européennes ont accès à l’aide américaine directement par l’intermédiaire de l’USAID et indirectement par le biais du système des Nations unies. Nombre d’entre elles travaillent également avec des partenaires locaux qui reçoivent un financement américain direct, ce qui fait de cette suspension une perturbation critique des circuits financiers établis.
En outre, elle sape les progrès réalisés en matière de localisation et affaiblit la contribution des acteurs locaux à l’édification d’une société civile démocratique. Ces perturbations ont une grande portée conséquences pour les communautés où la confiance et l’infrastructure ont mis des années à se développer. En conséquence, les ONG locales et les organisations de la société civile porteront un fardeau encore plus lourd.
L’ampleur des perturbations va au-delà du financement américain et exige une action urgente de la part des donateurs européens. Les mécanismes de financement de l’UE exigent généralement un cofinancement de sources publiques, privées ou autofinancées. Sans une plus grande flexibilité et des dérogations d’urgence, de nouvelles pertes catastrophiques sont inévitables.
Les organisations confessionnelles sont depuis longtemps au cœur de l’action humanitaire : elles soutiennent la cohésion sociale, assurent la coopération au développement et servent de partenaires de confiance au sein des communautés locales. Par l’intermédiaire des églises, des mosquées, des synagogues et des initiatives confessionnelles, nous restons fermement engagés à apporter notre soutien là où il est le plus nécessaire.
Nous appelons les dirigeants mondiaux, les partenaires humanitaires et les communautés religieuses à faire preuve de solidarité et à prendre des mesures décisives pour veiller à ce que les personnes les plus démunies ne soient pas abandonnées.