Avec joie je vous partage qu’à Gitega (Burundi) nous continuons le projet de planter l’Artemisia, plante médicinale pour prévenir et guérir la malaria
Je travaille en collaboration avec le P. Bernard Lesay, missionnaire d’Afrique, les agronomes et les agriculteurs/trices de Gitega. Je fais aussi partie du réseau « la Maison de l’Artemisia » (www.maison-artemisia.org) qui assure des ateliers de sensibilisation dans 28 pays d’Afrique.
Au niveau de Gitega je suis engagée à l’Ecole Sociale et à l’Ecole d’Art, où les élèves sont internes. Toute la communauté éducative participe à la culture sur des terrains qui nous ont été donnés. Ensembles, élèves et professeurs, nous plantons chaque année scolaire des plants d’Artemisia préparés par les agriculteurs. En 4 mois nous récoltons suffisamment d’Artemisia pour couvrir les besoins de toute l’année. Les élèves et professeurs prennent la tisane trois fois par semaine pour fortifier leur système immunitaire et prévenir la malaria. Nous constatons que les élèves ont une meilleure santé et de meilleurs résultats académiques. Un autre objectif de la formation est que les élèves apprennent à planter et gérer l’Artemisia, de manière à apporter les semences dans différentes régions du Burundi pendant les vacances de Noël et de Pâques et à devenir les promoteurs/trices de l’Artemisia dans leurs familles et paroisses.
Le directeur de l’Ecole Sociale a fondé un club pour le soin de l’environnement. Avec les élèves il fabrique des pots faits de feuilles de bananes, qu’il nous donne pour y mettre les plants d’Artemisia que nous pouvons alors transporter de la pépinière aux écoles. Cette initiative favorise la coopération et la fraternité pour le bien commun ainsi que la bonne santé de la population.
Cette année, en collaboration avec la Maison de l’Artemisia, nous avons lancé une nouvelle expérience en donnant l’Artemisia aux vaches, aux lapins et aux poules. Nous constatons qu’ils sont en meilleure santé et qu’ils grandissent sans problèmes. C’est une bonne nouvelle parce que l’élevage des animaux est une source de revenus qui participe à l’autofinancement des écoles.,
Actuellement nous préparons un atelier pour sensibiliser les élèves à planter des arbres Moringa, dont les feuilles sont riches en éléments nutritifs : fer, calcium, potassium, vitamines, protéines ; notre objectif est double : améliorer la nutrition et favoriser la reforestation. En février, notre Sr. Marie Ange Ndayishimiye est venue de la Mauritanie pour son congé. Avec elle, nous avons préparé les semences dans les pots en feuilles de bananiers. Puisque nous avons récolté beaucoup de semences de Moringa dans notre jardin, nous les avons partagées avec joie à Sr Marie Ange pour qu’elle les amène en Mauritanie, son pays de Mission.
Nous rendons grâce à Dieu pour tous les bienfaits de la Création et nous nous unissons à la prière pour la terre de « Laudato Si’ » : « Dieu, toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe, répands sur nous la force de ton amour pour que nous protégions la vie et la beauté .»
La paix est possible
Un des apostolats de la communauté de Butare est de donner, à des jeunes femmes et des jeunes gens qui ont abandonné l’école, une formation en couture qui dure six mois. Certaines jeunes femmes ont accouché et n’ont pas pu poursuivre leurs études, tandis que d’autres ont arrêté pour différentes raisons. Le premier groupe a terminé le cours l’année dernière ; neuf des participants ont reçu un certificat reconnu par le district. Un autre groupe a commencé en novembre et terminera le programme en mai.
L’objectif est de doter les étudiants de compétences en couture qui leur permettront de gagner leur vie au quotidien et d’améliorer leur niveau de vie. En plus de cet objectif, la communauté souhaite également contribuer à l’amélioration de leurs valeurs humaines. Nous avons commencé à donner aux étudiants des conférences le vendredi. Nous choisissons les sujets en fonction de ce que nous estimons utile pour qu’ils aient un meilleur avenir. L’un des thèmes traités par Sœur Léocadie avait pour titre « La paix est possible ».
Elle a commencé par voir avec les élèves comment il était possible de bâtir la paix en utilisant des images qui illustraient la nécessité que chacun y contribue. A la fin, le groupe a reconnu que la paix est possible si chacun contribue à l’instaurer avec ses dons particuliers. Les élèves ont déclaré que ce sujet les avait aidés à découvrir la manière de résoudre les conflits, en prenant le temps de s’asseoir et de parler du problème.
Ils ont également appris à comprendre les sources de conflit, notamment le fait d’avoir un même besoin et que chacun veuille satisfaire son besoin sans tenir compte des autres. Un conflit peut également survenir lorsque des personnes veulent la même chose, mais à des fins différentes, et qu’elles n’en parlent pas. Pour résoudre ce type de conflit, il faut s’asseoir et parler. Les élèves ont ajouté que la paix est possible si les gens travaillent en équipe pour la construire.
Cette introduction à la construction de la paix aidera les jeunes à éviter certains conflits et leur permettra également de savoir comment se comporter dans différentes situations conflictuelles. Elle les aidera à résoudre des conflits dans leur société et leur famille en s’asseyant ensemble et en discutant de la question, sachant que le dialogue est la seule façon de résoudre les conflits. Certains élèves ont confirmé que cette introduction à la construction de la paix est cruciale pour leur vie, car ils travaillent ensemble et un conflit peut donc survenir à tout moment ; et de fait, des conflits graves ont déjà été vécus par le groupe.
La question de la paix est très importante pour d’autres groupes que nous accompagnons dans différents endroits du Rwanda. Ces groupes se réunissent dans le but d’améliorer leur niveau de vie. Chacun verse un peu d’argent chaque semaine, emprunte aux autres et rembourse avec intérêt : ce système aide à répondre à certains besoins familiaux et à créer de petites entreprises. Nous les accompagnons et leur partageons des connaissances qu’ils jugent importantes pour leur vie familiale. Lorsqu’ils parlent de leur vie de famille, y compris des conflits, nous apprenons comment procéder pour nous entraider.
La recherche de solutions aux conflits familiaux occupe une place importante dans la vie. L’un des groupes de femmes a pris le temps de parler de situations conflictuelles au sein de leur famille et de la manière dont elles tentent de les résoudre. Un certain nombre d’entre elles ont déclaré qu’oser en parler est la solution, même s’il faut parfois du temps pour s’ouvrir et dire ce qui s’est passé avec leur partenaire. En outre, il faut prendre l’initiative d’entamer la conversation. Selon elles, il faut avoir la sagesse d’identifier le moment propice pour parler du problème, sinon cela peut mal tourner. Parler des conflits en famille aide à se soutenir mutuellement dans la vie quotidienne, même s’il est difficile pour certaines femmes de parler ouvertement à leur partenaire de ce qu’elles vivent ou de ce qui perturbe leur paix. Partager avec d’autres femmes les soulage et les aide à entamer un processus de réconciliation. L’une d’entre elles a raconté qu’étant incapable de parler d’une certaine situation avec son mari ; elle s’est adressée à un prêtre qui, finalement , a appelé son mari. C’est ainsi qu’elle a réussi à se réconcilier avec son mari, parce qu’ils étaient tous deux chrétiens et que son mari avait du respect pour le prêtre.
En général, le fait de parler des problèmes encourage les autres à ne pas rester enfermés dans une situation conflictuelle, à être capables de parler du problème, ce qui permet d’arriver à une solution.
Sr. Maité Nshimirimana, SMNDA – (Oiartzun) Communauté de Gitega & Sr. Priscille Nisubire, SMNDA – Communauté de Butare