Le récent atelier de novembre 2023 sur les droits des femmes en Afrique, tenu à Arusha, en Tanzanie, a marqué une étape significative en commémoration du 20e anniversaire du Protocole sur les droits des femmes en Afrique, communément appelé Protocole de Maputo. Organisé par l’Institut africain de droit international, l’atelier a réuni une diversité de parties prenantes, dont 58 organisations de la société civile, des représentants de 24 États africains, 18 représentants d’établissements académiques et 5 journalistes.

Célébration des Réalisations et Reconnaissance des Défis.

L’atelier a mis en lumière le rôle crucial des femmes dans le développement socio-économique du continent africain. Les participants ont souligné les contributions remarquables des femmes à la configuration de l’avenir du continent. Il a fourni une plateforme pour délibérer sur les succès, les défis et les stratégies pour la mise en œuvre continue du Protocole de Maputo.

Les intervenants principaux ont souligné la nécessité d’une coopération internationale pour établir des mécanismes collectifs, reconnaissant qu’une femme autonome est le moteur du développement dans chaque pays. Notamment, le président tanzanien et le président de l’Assemblée nationale ont été mis en avant en tant qu’exemples, occupant les deux plus hautes fonctions de l’État et se distinguant particulièrement bien.

Alors que 44 États africains ont ratifié le Protocole de Maputo, 11 ne l’ont pas fait. L’atelier a attiré l’attention sur les défis auxquels sont confrontées les femmes en Afrique, y compris les violations des droits consacrés dans le protocole. Ces défis persistent malgré l’existence de cadres juridiques et institutionnels élaborés aux niveaux des Nations Unies et de l’Afrique.

Répondre aux Défis et Promouvoir les Droits des Femmes.

Les discussions ont exploré divers défis auxquels font face les femmes, tels que les services médicaux insuffisants, l’accès limité à l’eau et à l’énergie, l’insécurité alimentaire et les disparités en matière d’éducation. Malgré leur rôle de productrices alimentaires principales sur le continent, les femmes subissent les effets du changement climatique, qui affecte l’Afrique plus que tout autre endroit sur terre.

Les cas de femmes occupant des postes de direction sont encore rares, et les femmes et les enfants deviennent souvent victimes de multiples violations lors de conflits armés dans divers pays africains. Les violences sexuelles et basées sur le genre, y compris l’utilisation du viol comme arme de guerre, ont été soulignées comme des préoccupations majeures.

Mise en Œuvre et Renforcement du Protocole de Maputo

Tout en reconnaissant les réalisations en matière de réformes politiques et légales à travers l’Afrique, l’atelier a souligné la nécessité d’efforts accrus pour mettre en œuvre de manière exhaustive le Protocole de Maputo. Des exemples notables incluent la Gambie et la Namibie, qui ont incorporé le Protocole dans leur constitution et leur législation.

L’engagement de l’Ouganda à aligner les initiatives d’autonomisation des femmes sur les lois internationales et les protocoles régionaux en matière de genre a été souligné, avec l’intégration des principes du Protocole de Maputo dans leur Vision 2040 et diverses politiques sectorielles et stratégies.

La Lutte Continue : Mutilation Génitale Féminine, Conflits et Droits Socio-Économiques.

L’atelier a abordé spécifiquement la question de la Mutilation Génitale Féminine (MGF), notant qu’elle est pratiquée par des femmes avec le soutien d’hommes dans 33 pays africains. Le Protocole de Maputo, en tant seul instrument légal au niveau mondial interdisant la MGF, a été mis en avant comme un outil crucial pour lutter contre cette pratique néfaste.

Les présentations sur les Articles X et XI du Protocole ont souligné l’importance de s’occuper des femmes en temps de conflit et le rôle des organisations confessionnelles dans la protection des femmes et des filles. La traite et l’esclavage, couverts par l’Article IV, ont également été discutés, mettant l’accent sur le rôle des dénominations religieuses dans la promotion de valeurs qui protègent les femmes et les filles.

Regard vers l’Avenir : Changement Climatique, Droits Socio-Économiques et Progrès des Femmes.

L’atelier a souligné l’importance des dispositions relatives aux droits socio-économiques dans le Protocole de Maputo pour le progrès des femmes en Afrique. Les femmes font face à des défis pour garantir ces droits, y compris la discrimination basée sur le genre, la disparité salariale et les obstacles aux postes de direction.

De plus, les conséquences alarmantes du changement climatique ont été mises en avant, soulignant son impact disproportionné sur les populations vulnérables, en particulier les femmes. Le changement climatique, responsable du déplacement de plus de personnes en Afrique en raison de catastrophes naturelles que des conflits armés, a été reconnu comme un facteur pouvant exacerber les conflits existants.

En conclusion, l’Atelier sur les Droits des Femmes en Afrique a fourni une plateforme pour réfléchir aux réalisations et aux défis liés au Protocole de Maputo. Les discussions ont souligné l’importance des efforts continus pour mettre en œuvre et renforcer le protocole, promouvant les droits des femmes et les autonomisant face à des défis socio-économiques et environnementaux complexes.

Frère Elvis Ng’andwe, M.Afr 

Secrétaire Exécutif-AEFJN