L’antenne Cameroun invite la communauté éducative, les OSC et le gouvernement à protéger les écoles et la jeunesse contre les médicaments psychoactifs et les autres drogues.
Le Pape François nous recommande en effet de « renforcer la coordination des politiques de lutte contre la drogue et les dépendances » et à « créer des réseaux de solidarité et de proximité avec ceux qui sont marqués par ces pathologies ». Au Cameroun, les établissements scolaires, cadre par excellence de formation intégrale de la jeunesse, sont envahis par les drogues. On y retrouve particulièrement des antidouleurs comme Tramadol ou Tramol mais aussi le Diazépam et D10. Ces médicaments en circulation et en vente libre dans les rues, sont détournés de leur usage médical et utilisés comme stupéfiants par des jeunes. La situation est aggravée par la prolifération des « pharmacies de la rue » jusqu’aux abords des établissements scolaires et la pratique de l’automédication. Leur usage sans avis médical cause des dommages sur la santé physique et mentale des jeunes, détériore le climat scolaire et social. Il s’agit d’un phénomène qui prend de l’ampleur et qui remet en cause l’éducation, l’avenir de l’école, de la famille et de la nation camerounaise. En effet, depuis 2010, les cas d’indiscipline, de comportements déviants et même de crimes d’un genre nouveau dus à la consommation de drogues se multiplient dans les établissements scolaires, aussi bien en zone rurale qu’urbaine, donnant lieu à des expulsions spectaculaires. 6.11% d’élèves du secondaire affirment avoir consommé du Tramol sans prescription médicale. Au Centre Jamot de Yaoundé, plus de ¾ des patients admis pour des troubles de comportements en lien avec la consommation des drogues sont des jeunes de 15 à 39ans. Alertée, l’antenne a mobilisé des acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux autour d’une recherche-action sur le phénomène. Dans une approche plurielle, elle cherche à comprendre les causes systémiques à la base de la circulation et de la consommation illicite des médicaments psychoactifs dans les établissements scolaires pour y apporter des solutions concertées dans la perspective d’un développement durable et intégral. Au travers des actions médias, des causeries éducatives, des affiches et dépliants disposés dans les écoles, elle sensibilise la communauté éducative sur les méfaits des drogues en général et, d’autre part, les parents, les éducateurs et l’autorité administrative pour qu’ils prennent conscience des enjeux. Devant ce réel problème de santé publique, notre antenne plaide pour la protection du domaine scolaire contre la circulation et la consommation illicite des médicaments psychoactifs ainsi que pour la mise en place des structures de prise en charge et d’accompagnement des élèves confrontés aux drogues. L’objectif étant d’amener les politiques à placer la lutte contre l’usage non médicale des médicaments psychoactifs et les autres drogues en milieu scolaire parmi leurs priorités en l’intégrant comme un axe des stratégies sectorielles de santé et d’éducation.
P. Armel FOPA, O.Carm