« Quand je donne à manger aux pauvres, ils m’appellent un saint, Quand je demande pourquoi les pauvres n’ont rien à manger, ils me traitent de communiste »   Don Helder Camara, évêque catholique

Nous sommes tous conscients de l’idéologie de plus en plus répandue dans l’Union européenne selon laquelle le développement durable n’est pas le résultat d’une « aide au développement », comme nous le voyons depuis de nombreuses années. En fait, « l’aide au développement » corrobore comment Steve Sackur, une fois dans une interview de la BBC avec le chef des missions de l’ONU au Sud-Soudan, a décrit la mission de l’ONU au Sud-Soudan comme « un simple collage de plâtre sur des plaies qui continuent à s’infecter ».

Lors de l’assemblée générale annuelle d’AEFJN qui vient de s’achever, le secrétaire exécutif nous a donné un aperçu en images des tendances mondiales actuelles, un aperçu de ce qui se passe dans le monde actuel. Cette situation nous pousse, a-t-il souligné, à nous éloigner de la  » logique missionnaire improductive de l’aide au développement  » pour poser des questions honnêtes mais difficiles sur la situation en Afrique. Pourquoi tous les efforts de développement de l’Afrique et l’aide au développement de l’Afrique ont-ils été vains ? Comment se fait-il que le continent le plus naturellement doté du monde soit le plus pauvre ?  Quelles sont les causes profondes des problèmes qui empêchent l’Afrique d’occuper une place de choix au sein du Comité des nations ? C’est le moment pour nous tous de réexaminer où nous investissons les ressources de nos Congrégations et le résultat que nous voulons atteindre.

Il y a deux choses que nous devons garder à l’esprit au sujet de l’Afrique.  Premièrement, le problème en Afrique n’est pas religieux mais économique. Deuxièmement, le changement social que nous souhaitons doit venir de la base, car les élites politiques africaines corrompues font partie du problème. Les politiques/partenariats économiques plus justes et plus équitables que nous souhaitons entre le Nord et le Sud n’existeront que lorsque les Africains, à tous les niveaux, prendront eux-mêmes les devants pour créer leur propre avenir.

La feuille de route pour atteindre cet objectif consiste à réunir les acteurs confessionnels et non confessionnels sur la même plateforme pour catalyser la construction et les actions du mouvement social de base. De cette façon, les personnes elles-mêmes assument la responsabilité d’identifier et de nommer leurs luttes, souffrances et revendications communes qu’elles souhaitent mener et, dans le cadre d’une action publique, d’agir collectivement pour les aborder avec les décideurs politiques concernés. AEFJN s’est déjà créé un créneau en tant que trait d’union entre les acteurs au cours de l’année qui vient, le Secrétariat renforcera encore sa position grâce aux antennes africaines.

Un succès très important de l’année a été l’effort remarquable de la plate-forme belge de la société civile sur l’alimentation (Coalition contre la Faim- CCF) en avril 2019, pour amener les producteurs laitiers ouest-africains à s’asseoir côte à côte avec leur homologue de l’UE pour discuter du terrible impact que le « dumping » des produits européens a eu sur eux et sur la sécurité alimentaire en Afrique.  Le résultat final de cette émouvante rencontre a été un appel à une production durable au Nord et au Sud pour assurer la survie d’importantes structures agricoles en Afrique et une politique agricole et commerciale équilibrée dans l’UE. AEFJN est un membre très actif de cette plateforme.

Une autre histoire à succès est  » La Caravane de l’Afrique de l’Ouest « , organisée par l’Église (AEFJN) et des acteurs non ecclésiastiques (une coalition de mouvements sociaux et de la société civile), en novembre 2018. Cette activité a rassemblé des gens de tous les pays de la CEDEAO, a mobilisé leurs énergies et leurs voix pour parler directement avec les gouvernements et les dirigeants traditionnels de leurs luttes communes et de la façon dont certaines politiques et lois gouvernementales ont un impact négatif sur leur vie quotidienne et font des demandes concrètes aux décideurs politiques. On espère que la caravane sera élargie à l’avenir pour inclure d’autres régions d’Afrique.

Malgré les défis, l’AGA envisage l’avenir avec espoir. AEFJN doit continuer à engager les différents gouvernements africains en renforçant son plaidoyer africain sans négliger ses engagements auprès des institutions européennes.  C’est la feuille de route pour guérir complètement la « plaie » des politiques économiques nationales et transnationales inéquitables qui s’enveniment. Ensemble, nous pouvons apporter le changement social que nous souhaitons entre le Nord et le Sud !

 

L’équipe de direction d’AEFJN,