La pandémie de coronavirus nous a appris à quel point nous sommes vulnérables et interdépendants. La pandémie est mondiale ; donc telle doit être la solution !
Les scientifiques ont répondu à ce défi en développant en un temps record des vaccins qui peuvent nous aider à surmonter la pandémie. Ils ont pu atteindre ce résultat grâce aux milliards de dollars d’aide publique en partie canalisés par l’initiative COVAX, sous l’égide de GAVI (Global Alliance for Vaccine and Immunization, une coalition à laquelle appartiennent l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF). Cette initiative envisage d’acquérir 2 milliards de doses de vaccin afin de vacciner un premier groupe de personnes à haut risque (personnes âgées et personnel de santé) dans 92 pays à revenu faible et intermédiaire (plus ou moins 20% de leur population) afin que personne ne soit laissé en arrière.
Le moment est venu pour les pays les plus riches d’unir leurs forces pour produire et de stocker suffisamment de vaccins capables de répondre aux besoins de l’ensemble de la population mondiale. L’UE a contribué à hauteur de 500 000 € à l’initiative Covax, ce qui en fait le principal contributeur à cette initiative mais, dans l’intervalle, l’Alliance populaire pour les vaccins affirme que les pays riches ont accumulé suffisamment de doses de vaccins pour vacciner leur population entière près de trois fois, laissant quelques 67 pays pauvres avec seulement assez pour vacciner une personne sur 10. Dans son rapport, elle a également averti que tant que 90% des populations dans des dizaines de pays plus pauvres n’auront pas accès aux vaccins contre le coronavirus cette année 2021, la fin de la pandémie ne sera pas en vue.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur général de l’OMS a cité comme exemple de disparité dans la distribution des vaccins que plus de 39 millions de doses de vaccin ont été administrées dans 49 pays à revenu élevé alors que seulement 25 doses ont été administrées à l’un des pays les plus pauvres du monde. Une telle approche « moi d’abord », a-t-il dit, a mis en danger les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. Et cela se produit à un moment où les inégalités se sont accrues dans le monde en raison des conditions créées par la pandémie.
Un autre problème grave concerne les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce). Dans le cadre de ce système de brevets, les sociétés pharmaceutiques qui ont développé des vaccins ont des droits de propriété intellectuelle exclusifs pendant 20 ans. Si ce système reste en place pour la vaccination contre le coronavirus, il empêchera la production de quantités suffisantes de vaccin à bon prix pour les pays pauvres. Ainsi, le 2 octobre 2020, l’Inde et l’Afrique du Sud ont formulé la proposition d’une dérogation temporaire aux dispositions de l’Accord de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) sur les ADPIC liés au droit d’auteur, aux modèles industriels, aux brevets et à la protection des informations non divulguées. Étant donné la nature de la pandémie à laquelle nous sommes confrontés, il est opportun que la dérogation temporaire proposée par l’Inde et l’Afrique du Sud soit dûment prise en considération.
Pendant ce temps, la Chine, l’URSS et l’Inde ont commencé à vacciner leurs populations avec leurs vaccins respectifs dont l’efficacité n’a été validée ni par l’OMS (Service de préqualification) ni par l’EMA (Agence européenne des médicaments) ni le CDC (Center for Disease Control – USA) et la Chine a déjà promis d’aider les pays qui feront appel à elle. C’est maintenant une question d’intérêt national avec peu ou pas de considération pour l’intérêt mondial !
AEFJN, dans son désir d’un monde où la vie, la dignité et les droits de l’homme de tous sont respectés, exhorte l’UE :
– à soutenir davantage l’Initiative Covax pour une distribution équitable et juste des vaccins contre les coronavirus notamment à travers des engagements spécifiques concernant la délivrance de vaccins adaptés aux pays moins développés.
– à supporter et non à refuser la proposition de l’Inde et de l’Afrique du Sud d’une dérogation temporaire sur les ADPIC à l’OMC afin que les vaccins soient considérés comme un bien public, que le système des brevets ne soit momentanément pas appliqué et que les vaccins puissent être produits librement, ce qui permettra à la concurrence de faire baisser considérablement le prix des vaccins et aux firmes pharmaceutiques fabriquant des vaccins génériques de produire suffisamment de vaccins pour satisfaire tous les besoins.
En ce sens, AEFJN vous invite à signer l’Initiative citoyenne européenne pour demander à la Commission européenne de faire du vaccin contre le coronavirus un véritable bien public mondial. Signez ici: https://eci.ec.europa.eu/015/public/#/screen/home
Christian Roberti
AEFJN
Pour en savoir plus :
Raffaella Ravinetto
et
Arnaud Zacharie, CEO of CNCD (Centre National de la Coopération au Développement).
Carte blanche published in Le Vif of Januari 18: ”L’impasse du nationalisme et de la financiarisation des vaccins.”
https://www.cncd.be/vaccination-covid-19-impasse-nationalisme-financiarisation