Introduction

Madagascar, le pays oublié d’Afrique, est séparé par plus de 400 km du continent africain par le détroit de Mozambique. La grande île attire l’attention pour ses paysages, la richesse de sa biodiversité, ses écosystèmes, les richesses naturelles et la variété ethnique de ses habitants. De plus, le pays a plus de 4800 km de littoral, ce qui favorise un grand potentiel de pêche qui, avec la négociation actuelle de l’accord de partenariat des pêcheries entre l’UE et Madagascar, met en danger le revenu économique du pays.

Bien que son économie s’attende à croître de 4% en 2017[1], ses habitants, au nombre de presque 25 millions, font face à des défis majeurs tels que réduire l’extrême pauvreté, améliorer les conditions de vie de ses habitants, mettre en œuvre un modèle de développement durable et assurer la souveraineté alimentaire. Bien que l’économie nationale n’ait qu’une petite dette internationale, le pays occupe la 154e place dans le classement du développement humain établi par le programme de développement des Nations unies en 2016, qui place Madagascar parmi les pays les plus pauvres d’Afrique.[2]

OMC, SADC et APE

Madagascar fait actuellement partie de différents accords commerciaux. D’abord, il est membre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ce qui signifie principalement le respect de règles internationales de commerce, quels que soient la contrepartie et le contenu de l’accord. Mais Madagascar fait partie d’autres accords internationaux.

Madagascar est très éloigné du continent africain, mais il a lutté pour développer son économie en coopération avec d’autres pays régionaux. Ainsi, après une période de sanction entre 2009 et 2014, Madagascar est membre de la communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Grâce à cette organisation intergouvernementale, les états membres cherchent l’éradication de la pauvreté et une intégration régionale de leurs économies. Cependant, Madagascar doit faire face à certains défis pratiques pour améliorer l’efficacité de son système de production qui permet un échange interrégional de biens et de services, qui facilite les procédures administratives à la douane, et qui promeut un investissement étranger qui aide le développement de l’économie, des infrastructures et de l’industrialisation.[3]

Bien que Madagascar soit membre de SADC, l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne (UE) a été négocié comme membre de l’Afrique orientale et australe (ESA). En 2009 Madagascar (avec l’ïle Maurice, les Seychelles et le Zimbabwe) a signé un accord de partenariat économique (APE) et il est appliqué depuis 2013. A cause de la mise en œuvre de l’APE, Madagascar fait face à la perte des revenus fiscaux sur les produits importés. L’UE avait promis une aide économique pour surmonter ce manque de revenus mais la réalité est que cela ne suffit pas. Ce montant avait été établi précédemment et il n’a pas été augmenté. C’est un montant de 4 euros par habitant et par année.

La qualité des marchandises ne s’est pas améliorée malgré l’arrivée d’une nouvelle technologie. Nous pouvons trouver des biens étrangers de qualité mais les produits malgaches sont encore loin de la qualité requise par les normes européennes. Cela fait que les produits malgaches ne peuvent pas entrer en compétition avec les produits européens. Ceux-ci sont consommés par des étrangers dans des supermarchés et magasins luxueux mais la majorité de la population locale n’y a pas accès. Dans ces supermarchés, 90% des produits sont étrangers. Très peu de biens sont produits par les marchés locaux. Même des produits laitiers sont importés de pays comme la Belgique ou les Pays-Bas. Les produits malgaches sont consommés principalement dans les marchés locaux et peu de produits sont exportés, ce qui cause une inégalité dans la balance commerciale.

Les produits malgaches ont aussi des difficultés d’accès au marché européen. Les normes européennes des règles sanitaires et phytosanitaires sont élevées et la plupart des industries malgaches n’ont pas la possibilité de les respecter. La même chose arrive pour les mesures aux frontières et les exigences administratives. En fait, depuis 2003 la situation de l’économie malgache n’a pas changé malgré la mise en œuvre des APE.

Défis de l’économie malgache

Les avantages et les défis de l’économie malgache ne sont pas différents de ceux des autres pays africains. Bien qu’il y ait beaucoup de défis macroéconomiques tels que le secteur financier, la politique budgétaire, la gouvernance publique ou la gestion des ressources naturelles, j’aimerais signaler deux aspects de l’économie malgache en relation avec les accords de partenariat économique qui ont un impact direct dans la population locale et dont il faut s’occuper pour améliorer la qualité de vie de sa population.

D’abord, l’agriculture, la pêche et le secteur forestier sont le pilier principal de l’économie malgache. L’agriculture compte pour 30% du produit intérieur brut et emploie environ 75% de la force de travail. Les petits fermiers ont tendance à cultiver du riz pour la consommation de leurs familles, tandis que les producteurs plus grands vont stocker le grain pour le vendre. Cependant, la production indigène ne répond pas à la demande domestique de la population et du riz doit être importé dans le pays. D’autres produits comme la vanille, le manioc, les mangues, les fruits, les bananes, le sucre de canne, l’huile de palme, le soja, les noix de coco et l’huile de tournesol sont produits par des sociétés étrangères pour être vendus à l’étranger.[4]

La déforestation et l’érosion du sol sont une menace majeure, réduisant la capacité des fermiers locaux à produire assez de nourriture. Par conséquent, de nouvelles pratiques agricoles et différentes cultures doivent être introduites plus largement. Je considère que le gouvernement malgache doit assurer la souveraineté alimentaire et faciliter l’accession des fermiers locaux aux droits de propriété de la terre pour éviter l’accaparement de terres par des compagnies transnationales qui essaient de tirer avantage de l’accord économique.

En second lieu, l’industrie est très limitée à Madagascar. Seuls quelques secteurs comme le textile ont développé une industrie naissante en compétition avec des vêtements de seconde main venant d’autres pays. Par exemple, rien que dans le cas de friperies provenant de l’UE, elles sont toutes exemptées de taxes à cause des APE. En 2015 les revenus des taxes sur les friperies étaient de 17 milliards d’Ariary.[5] Il y a d’autres secteurs avec de petites industries comme le savon ou le vin mais sans aucune possibilité d’entrer dans le marché européen. Elles sont présentes sur le marché local mais avec peu de possibilités d’exporter leurs produits.

A Madagascar, la stabilité politique a aidé à améliorer la sécurité légale pour les investisseurs et a consolidé de nouvelles industries. Cependant, l’économie informelle est encore le plus grand secteur dans le pays avec une faible production d’économie de subsistance. En 2015, le Fonds Monétaire International a approuvé un déboursement sous la Facilité de crédit rapide, alors que des partenaires techniques et financiers offraient leur soutien pour le Plan de développement national. Les résultats de ces crédits sont encore en cours d’élaboration, mais pour obtenir une croissance économique qui réduise le chômage et la pauvreté, il faudra une transformation structurelle de l’économie dans des secteurs plus productifs, avec une intégration des économies des régions rurales et urbaines, et des politiques publiques qui soutiennent une juste exploitation de la terre.[6]

 

José Luis Gutierrez Aranda

[1] http://www.our-africa.org/madagascar/economy-industry

[2] http://hdr.undp.org/es/year/2016

[3] http://www.inonafrica.com/2016/10/21/underlying-conflicts-continue-to-unsettle-madagascar/

[4] http://www.nationsencyclopedia.com/Africa/Madagascar-AGRICULTURE.html#ixzz4eh3MMBo4

[5] http://www.bilaterals.org/?commerce-avec-l-europe-zero-droit

[6] http://www.africaneconomicoutlook.org/en/country-notes/madagascar