C’est avec le soutien de la CIDSE, qu’AEFJN a participé à la deuxième édition de la Caravane à travers l’espace CEDEAO en novembre 2018. Il s’agissait d’une initiative de la société civile et des mouvements sociaux de la sous-région de la CEDEAO, sous l’égide de « Convergence Globale », pour rassembler leurs ressources humaines et matérielles dans la lutte contre l’exploitation à outrance et ainsi préserver les ressources de l’Afrique pour les générations futures. Ce dessein incarne le proverbe africain : « Quand les araignées unissent leurs toiles, elles arrivent à ligoter un lion ‘’. L’implication de l’Eglise et de ses acteurs dans ce projet est le résultat d’une conférence tenue à Abidjan en novembre 2017. Le thème de ce forum était l’accaparement des ressources. C’est AEFJN/AFJN, la CIDSE et RECOWA qui ont conjointement organisé cet événement avec la participation de la société civile. Les évêques qui ont participé à cette réunion se sont engagés à travailler avec les sociétés civiles dans leurs différents diocèses et pays.
Cette récente édition de la caravane qui vient de s’achever, a commencé en Guinée Conakry, en passant par la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et s’est terminée au Bénin tandis que les autres pays de la sous-région ont rejoint la caravane à différents endroits. Le choix de mettre fin à ce grand safari au Bénin a été déterminé par le fait que le chef d’état du Bénin est aussi l’actuel président de la CEDEAO. Dans chacun des pays, un peu comme un geste de soutient, la caravane s’est arrêtée dans trois communautés différentes. Ces groupements choisis à l’avance étaient tous en proie au pillage des ressources, à l’accaparement des terres, à la pollution de l’eau ou de l’environnement ou même à une combinaison de plusieurs de ces maux à la fois. Le but de ces visites répétées aux communautés en souffrance était d’amener les responsables gouvernementaux à entendre les témoignages des victimes et demander des changements politiques spécifiques pour faire face à la situation.
Avant le début de la caravane, la CIDSE et AEFJN ont fait pression pour une participation active des communautés chrétiennes locales tout au long du parcours de la caravane. Comme prévu, nous avons reçu des réponses à des degrés divers dans les différents pays et diocèses. Dans la majorité des pays traversés, la plupart des communautés chrétiennes locales ont gracieusement prêté leurs installations pour les activités de la caravane. Tout au long du processus, les diocèses du Togo ont été fortement engagés avec la société civile.
La présence d’AEFJN dans la caravane était comme un symbole de la collaboration de l’Eglise et lançait en même temps un signal fort à cette même Eglise. Les invitations régulières faites à AEFJN pour dire la prière d’ouverture dans un groupe dominé par les musulmans en disent long. Cette attitude peut être comprise à la fois comme une demande aux autorités de l’Église de s’investir dans la lutte pour l’émancipation économique de la région et comme aussi de mettre en évidence le pouvoir que l’Église a de contribuer à changer les choses pour le bien de tous. Cependant, AEFJN souligne que l’Eglise ne doit en aucun cas comprendre cela comme une invitation à » christianiser » le mouvement social et doit s’engager dans cette collaboration sans aucunes nuances religieuses.
Après trois ans, l’évaluation de la Conférence sur l’accaparement des terres de Limuru 2015, qui a catalysé cette collaboration entre acteurs ecclésiaux et non ecclésiaux, va commencer à Addis-Abeba le 7 janvier prochain. La troisième édition de la caravane et l’engagement plus productif de l’Église seront certainement au centre de l’agenda.
Chika Onyejiuwa