Toute l’atmosphère en Europe est actuellement chargée de la fièvre des prochaines élections au Parlement européen. Sûrement, les élections ont beaucoup d’enjeux ! Ce n’est pas seulement la préférence d’un parti politique ou d’un candidat fondée sur des sentiments ; c’est un élan économique, environnemental et éthique pour l’Europe. C’est aussi un choix pour les relations entre l’UE et les pays du Sud en développement. Les prochaines élections sont une fois de plus un moment déterminant pour l’UE, une occasion de changer le cours de l’histoire en traçant une nouvelle trajectoire ou de se laisser emporter par l’effet des orientations économiques agressives de la Chine et des États-Unis. C’est pourquoi l’AEFJN appelle au discernement en ces temps troubles pour que l’Europe et la communauté internationale ouvrent la voie à des élections plus fondées sur des valeurs.

Pour des raisons évidentes, le BREXIT restera un moins pour l’Union européenne, mais il ne peut pas faire complètement dérailler la direction de l’UE. Il est important que l’UE revoie sa relation économique avec l’Afrique pour la rendre plus productive pour les populations et la planète. C’est un impératif qui a besoin d’hommes et de femmes parlementaires qui pensent en dehors de la boîte exiguë du nationalisme européen.  En l’état actuel des choses, l’Afrique prend de plus en plus d’importance en tant que centre d’intérêt mondial, non pas parce que l’Afrique obtient une juste part de la richesse mondiale, mais parce qu’elle possède un énorme potentiel pour les puissances mondiales. Bien que l’UE soit toujours une grande voix dans la politique internationale, les statistiques montrent que l’UE a été dépassée par d’autres nations ayant des intérêts commerciaux divergents sur le continent africain.

Selon les mises à jour récentes, l’ONU a prédit que d’ici 2025, il y aura plus d’Africains à la surface de la terre que de Chinois. Dans le même ordre d’idées, l’Economist rapporte qu’en l’espace de 6 ans, plus de 320 ambassades ont été ouvertes en Afrique (1) … Ce niveau de diplomatie sans précédent est un bon indicateur des nouveaux intérêts en Afrique. De plus, L’Economist rapporte que les trois principaux partenaires commerciaux avec l’Afrique sont maintenant la Chine, l’Inde et l’Amérique, et il en va de même pour l’IED en Afrique (2).

De toute évidence, l’UE est progressivement évincée de l’économie africaine, mais elle ne peut être à l’abri des résultats. S’il est vrai que l’UE n’a pas profité de son occasion en or pour ouvrir la voie à l’industrialisation de l’Afrique, rien ne prouve que les nouveaux intérêts en Afrique ont mieux à lui offrir. Votre supposition quant à la destination immédiate dans la recherche de pâturages plus verts est aussi bonne que la mienne. L’Europe est le voisin immédiat de l’Afrique et doit donc être plus proactive en ce qui concerne l’Afrique et prévenir tout ce qui pourrait déstabiliser l’Afrique. Par un effet de proximité, l’Europe sentira l’impact de ce qui se passe en Afrique avant la Chine, l’Amérique ou l’Inde.

Ainsi, AEFJN attire une fois de plus l’attention sur les nouvelles négociations ACP-UE dans le cadre de la préparation des élections. Nous avons été sensibles au deuxième cycle de négociations qui vient de s’achever. Les bases d’une future coopération entre eux sont maintenant jetées, mais il reste à voir comment ce principe fondateur favorisera concrètement les valeurs démocratiques imbues de solidarité, d’industrialisation durable, de cohésion sociale et autres valeurs sociales dans chacun des trois groupes des ACP.

Tout au long de cette période de négociation, l’UE a constaté que le partenariat présentait des avantages considérables pour elle et pour les pays ACP. Selon les termes de l’UE,  » si elle s’associe aux ACP, elle peut former une majorité mondiale, puisque l’UE et les pays ACP représentent plus de la moitié des membres de l’ONU. L’avantage de s’allier à ce niveau est qu’ensemble, l’UE et les ACP puissent faire la différence et définir un agenda mondial dans les forums internationaux ».

Tout en saluant l’observation saillante de l’UE, AFJN reste douteuse quant à l’initiative d’Emmanuel Macron  » Si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez-les  » en réponse aux initiatives commerciales agressives des Etats-Unis et de la Chine en Afrique. AEFJN craint que le nouveau partenariat ACP-UE ne reste un écran de fumée à l’ombre du statu quo à travers Emmanuel Macron.

Entre-temps, AEFJN suit les élections et les négociations avec un vif intérêt et met en garde contre le fait que l’opportunité de qualité qu’offrent les prochaines élections ne doit pas être laissée au hasard ou à quelques personnes alors que l’UE avance contre les autres géants dans ses relations avec l’Afrique.