Les archéologues nous disent que l’Afrique est le berceau de l’humanité. De là, tous les autres continents ont été peuplés par Homo Sapiens. La migration a joué un rôle clé dans l’évolution de la race humaine. Il y a environ 70 000 ans, des groupes de personnes ont commencé à migrer d’Afrique vers d’autres continents, peut-être à cause des changements climatiques. Ainsi, nous descendons tous de ces premiers migrants africains. L’Afrique a toujours été un continent en mouvement. Des exemples de ces importants mouvements de population dans des périodes plus récentes sont les suivants:
• La migration des peuples Bantous il y a environ 2000 ans à partir du delta du Niger à travers l’Afrique Centrale vers l’Afrique orientale et australe. Ce mouvement représente l’une des plus grandes migrations de l’histoire et a duré environ 1500 ans. La rencontre des Bantous qui pratiquaient l’agriculture avec les populations d’origine qui étaient chasseurs et des cueilleurs a profondément changé le continent aux points de vue politique, économique et culturel.
• La migration forcée à travers l’Atlantique par les esclavagistes arabes est responsable du mouvement de dizaines de millions d’Africains vers d’autres continents. On estime que de 10 à 18 millions d’Africains ont été victimes de la traite arabe qui a duré depuis les débuts de l’expansion islamique jusque bien avant dans le 20ème siècle, alors que le commerce transatlantique des esclaves a déplacé jusqu’à 15 millions d’Africains vers l’Amérique du Nord et du Sud entre les 15ème et le 19ème siècles.
• La migration continue des tribus nomades à la recherche de pâturages avec leurs troupeaux de bétail à travers toutes les frontières modernes, est aussi ancienne que l’humanité. Les peuples nomades bien connus sont les Peuls (Foulbés, Foulanis) en Afrique de l’Ouest, les Touaregs dans la zone du Sahel et les Massai en Afrique orientale. Leurs modes de vie conduisent souvent à des conflits avec les agriculteurs, comme l’histoire biblique de Caïn et Abel en témoigne amplement.
• La colonisation de l’Afrique par les pays européens a également favorisé une migration des Européens vers les terres africaines. Des agriculteurs hollandais ont émigré en Afrique australe, des Français Pieds-Noirs se sont installés en Afrique du Nord; des colons britanniques sont allés au Kenya et des Allemands en Namibie.
•Dans de nombreuses cultures africaines, la migration fait partie intégrante des rites d’initiation de la jeune génération. Les jeunes doivent prouver qu’ils sont des adultes responsables en vivant pendant quelques années dans un pays étranger.
À l’heure actuelle, les plus grands mouvements de populations ont lieu au sein du continent africain, souvent dans le même pays, comme les personnes déplacées à l’intérieur des frontières nationales, ou dans d’autres cas, entre pays voisins en tant que réfugiés transfrontaliers. Les principales raisons qu’ont les populations quitter leur domicile sont souvent des conflits violents et des catastrophes naturelles. Quelques exemples de ces migrations de masse et leurs causes incluent:
• Les régimes répressifs qui ont poussé quelque 3 millions de Zimbabwéens vers l’Afrique du Sud et environ 321 000 Érythréens vers le Soudan, le Proche-Orient et l’Europe.
• La guerre civile, les massacres et les horreurs de génocides comme celui vu en 1994 au Rwanda, qui a fait fuir plus de 3 millions de Rwandais dans les pays voisins : la Tanzanie et le Congo démocratique.
• Des agressions extérieures et des conflits internes qui ont transformé 2,4 millions de Congolais en déplacés.
• La défaillance d’Etats comme la Somalie, ce qui a fait fuir des centaines de milliers de gens et donné lieu à la création du plus grand camp de réfugiés du monde, Dadaab au Kenya, qui abrite 400 000 réfugiés .
Selon le rapport à la mi-2015 du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il y a plus de 16 millions de réfugiés en Afrique. Les pays les plus touchés sont les suivants: le Soudan (3.078.014), le Sud-Soudan (2.540.013), la République démocratique du Congo (2.415.802), la Somalie (2.307.686), le Nigéria (1.668.973), la République centrafricaine (1.004.678). En plus de ceux-ci, les effets du changement climatique forceront, dans un proche avenir, un nombre sans précédent de personnes à migrer tandis que des milliers de personnes continuent de quitter les zones rurales pour chercher du travail en ville voire à l’étranger.
En outre, des niveaux plus élevés d’éducation, la révolution numérique, une énorme croissance de la population (environ 2,5 milliards d’Africains en 2050), et le sous-développement industriel prononcé de l’Afrique ont produit une jeune génération avec de grandes attentes, mais des possibilités limitées. Cela a déclenché un mouvement de masse des jeunes de la campagne vers les mégapoles d’Afrique en expansion anarchique. Parmi ces jeunes, certains particulièrement dynamiques risquent le voyage souvent périlleux à l’étranger dans l’espoir d’emplois mieux rémunérés en Europe ou en Asie, afin de soutenir leurs familles à la maison.
De toute évidence, la crise de la migration n’est pas une question à traiter autour d’une tasse de thé. Tout véritable effort pour améliorer la situation devra prendre en considération les causes sous-jacentes au phénomène actuel. La perspective doit être élargie; il ne s’agit pas seulement du Royaume-Uni, de l’Europe ni d’aucune nation ou continent en particulier. La crise doit être considérée pour ce qu’elle est. Même si l’Afrique semble être le point de mire actuel, le souci de la migration concerne le destin de notre humanité collective.
Fr. Wolfgang Schonecke
NAD Netzwerk Afrika Deutschland
Chika Onyejiuwa CSSp
Secrétaire exécutif