Cet article a pour but de présenter le système connu sous le nom de «Franc CFA» tel qu’il se présente aujourd’hui, avec ses avantages et ses inconvénients. Il ne fera pas l’histoire de ce montage financier déjà ancien ni une analyse politique du système; on peut facilement trouver ailleurs des articles sur ces deux sujets.

Le franc CFA est le nom de deux monnaies communes à 14 pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, soit la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Le franc de l’UEMOA est émis par la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) et celui de la CEMAC est émis par la BEAC (Banque centrale des États de l’Afrique centrale).

Quatre principes président au fonctionnement du franc CFA:

1. Le trésor public français apporte sa garantie de convertibilité illimitée du franc CFA en euro; le franc CFA est arrêté à l’euro sous la responsabilité de la Banque centrale européenne (BCE) dont le gouverneur de la Banque de France est administrateur.

2. La conversion en euro se fait suivant une parité fixe au taux d’un euro pour 655,957 francs CFA. Les pays de la zone euro doivent obligatoirement déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor public français dans un compte appelé d’opérations.

3. Le Franc CFA est librement transférable entre les États membres et vers n’importe quel pays du monde.

4. Les réserves sont centralisées dans les deux banques BCEAO et BEAC.

Mais les Etats membres de la zone franc profitent-ils vraiment du franc CFA?

Le Franc CFA fait actuellement l’objet d’un débat passionné entre partisans et opposants. Pour les premiers, il ne faut pas toucher au système actuel et, pour les seconds, il faut sortir du franc CFA. Enfin, les modérés proposent un aménagement du système.

Le président français Emmanuel Macron s’adressant à son homologue ivoirien Alassane Ouattara annonce début septembre 2017 qu ‘«Aujourd’hui la zone franc offre une stabilité monétaire, mais qui n’est pas sans certains défis (…) Nous partageons, je crois, une vision commune sur l’intérêt de la zone. Mais je crois qu’il faut moderniser, ouvrir une nouvelle voie avec beaucoup de pragmatisme, et je crois que c’est sur quoi nous souhaitons nous engager ensemble ».

Concrètement, pour le Président français, ceci passe par trois axes :

–              abolir le droit de veto de la France ;

–              maintenir un seuil minimal de réserves de change en place mais transférer le contrôle des comptes à qui de droit, c’est-à-dire aux banques centrales de la zone franc ;

–              négocier un pouvoir d’émission limité des banques centrales et lancer un appel d’offres compétitif pour les services d’impression de la monnaie.

C’est la première fois que l’autorité suprême de la France se prononce pour une réforme de la zone franc.

Pour l’antenne belge AEFJN, la question du système CFA est importante dans la mesure où le développement de 14 pays membres dépend de leur appartenance à la zone franc. Or, le système du franc CFA est largement bénéficiaire aux 19 Etats membres de l’Union Européenne appartenant à la zone euro, et particulièrement à la France, et ce, au détriment des économies des pays africains membres; de plus, il entretient la mainmise des États membres de la zone euro, et plus particulièrement de la France, sur les économies des pays africains membres et donc sur les politiques africaines.

document en pdf  PRESENTATION FRANC CFA JANVIER 2018 (2)

Christian Roberti

AEFJN Belgique