Le 10 octobre 2021, le pape François a invité l’Eglise universelle à un processus synodal afin d’initier un renouveau missionnaire de l’Eglise. Ce processus se déploiera sur trois ans à tous les niveaux de l’Eglise et aboutira dans un synode sur la synodalité en 2023-24. Ou est l‘Afrique dans ce processus?

En route vers le synode mondiale

Avec le processus synodal, le pape François souhaite contrer le cléricalisme largement répandu dans l’Église et mettre en mouvement une nouvelle manière d’être Église.

Pour cela, trois éléments sont essentiels :

– créer un espace ouvert dans lequel tous les membres peuvent s’exprimer sur la manière dont ils vivent l’Eglise et la voient dans l’avenir.

– s’exercer à l’art difficile d’écouter les autres sans préjugés.

– écouter Dieu dans un « discernement des esprits » et une atmosphère de prière, et sentir ce que Dieu veut pour son Église aujourd’hui.

Ce processus comporte trois phases :locale, continentale, mondiale

  1. La première phase, la plus importante (2021-22), devait permettre à tous les membres des paroisses et des communautés ecclésiales d’exprimer librement leurs expériences, leurs souhaits et leurs idées. Ces discussions synodales se sont déroulées dans la langue locale ; « les gens sont ravis de pouvoir parler de l’Église dans leur langue ». (Botswana) L’archidiocèse de Mombassa a démontré la signification du mot « synode = chemin commun » en faisant défiler ensemble prêtres, religieux et laïcs dans la ville.

Les résultats des discussions locales ont ensuite été rassemblés au niveau des conférences épiscopales nationales et régionales. Certaines Églises locales africaines ont initié ce processus avec créativité et enthousiasme, d’autres l’ont ignoré.

 2023 : La deuxième étape continentale

Le secrétariat du synode à Rome a publié en nov. 2022 un document de travail pour la phase continentale (DCS) avec le logo : une tente surdimensionnée dans le désert avec la citation d’Isaïe « Élargis l’espace de ta tente ». La phase continentale est organisée en Afrique par le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM).

Afin de rassembler les résultats de toutes les conférences épiscopales régionales, une première réunion a eu lieu à Accra en novembre 2022, une seconde à Nairobi en janvier 2023. Le grand rassemblement continental de l’Église en Afrique et à Madagascar se tiendra à Addis-Abeba en mars. La composition des délégués montre à quel point l’Église en Afrique prend au sérieux la participation de tous les membres de l’Église : 44 femmes et hommes, 36 jeunes, 5 séminaristes, 5 novices, 16 religieux et religieuses, 32 prêtres, 13 évêques, 10 cardinaux et 4 représentants d’autres religions.

Les secrétaires généraux des conférences régionales ont discuté des premiers résultats de la consultation lors d’une vidéoconférence le 20 janvier 2023 et ont mis en évidence les défis spécifiques auxquels sont confrontées les Églises en Afrique.

– Dans la plupart des pays, l’Eglise est une minorité dans une société marquée par une grande pluralité religieuse : une culture islamique, la concurrence de nombreuses églises pentecôtistes et libres, l’influence encore importante des religions traditionnelles africaines.

– Politiquement, les Églises d’Afrique vivent dans une situation de grande instabilité : guerres civiles, conflits ethniques, gouvernements autocratiques, menace sérieuse du djihad islamique.

– Sur le plan social, les idéaux chrétiens de la sexualité, du mariage et de la famille sont mis au défi par la réalité : la grande majorité des catholiques vivent en couple sans être mariés à l’église, civilement ou traditionnellement ; la polygamie traditionnelle est encore très répandue et les mariages forcés et avec des enfants sont acceptés.

L’inculturation est le plus souvent limitée à la liturgie ; de nombreux autres aspects de la culture africaine ne sont pas encore enracinés dans l’Évangile.

– L’Église en Afrique a joué dès le début un rôle remarquable dans le développement intégral des peuples. Il faut réflechir plus profondement la relation de l’église avec la société civile, la politique et la justice et trouver des moyens comment accompagner les responsables dans ces domaines.

  1. La troisième Etappe sera le synode sur la synodalité à Rome en 2023-24.

Un échange sur le processus Synodale

Missio en Allemagne a organisé le 12 janvier une vidéoconférence et a invité des différentes voix de l’Eglise universelle à s’echanger.

Il était évident

– que les situations pastorales sont très différentes et nécessitent des réponses différentes,

– qu’il existe de nombreuses questions communes,

– que seul un dialogue intensif et patient permettent à l’Église d’avancer.

 

Wolfgang Schonecke