Alors que nous célébrons le mois de la création (du 2 septembre au 4 octobre), les désastres écologiques récents dans différentes parties du monde, des glissements de terrain et de boues au Cambodge, aux Etats-Unis (Californie et New York) et en Sierra-Leone, des inondations en Inde, au Bangladesh et au Népal jusqu’aux tout récents ouragans qui ravagent les côtes des Etats-Unis et des îles Caraïbes, font appel une fois de plus à l’humanité pour qu’elle écoute les protestations gémissantes de la terre et le cri des pauvres. Les options sont minces : la communauté mondiale doit revoir sa relation avec l’écosystème ou se préparer à sombrer en conséquence logique de son refus.

Par différentes formes d’interactions avec l’environnement biophysique, la quête économique humaine débridée et insatiable propulsée par les modèles économiques capitalistes de croissance continue et de consommation a bouleversé l’équilibre de l’écosystème. La révolution industrielle a provoqué beaucoup de réactions assoupies dont on n’avait pas fait l’expérience jusqu’à présent. Il en est résulté une avalanche de secousses, d’ouragans, de tremblements de terre et d’inondations dont les magnitudes appellent une réponse collective, en repensant à la manière dont nous avons été en relation avec l’écosystème. Le mois de la création requiert en urgence un nouveau type de relation avec la terre, qui laisse notre écosystème plus durable.

Un écosystème est un réseau complexe de relations et il est durable lorsqu’il y a une synergie à l’intérieur du système ou lorsque l’étendue des fluctuations à l’intérieur est acceptable; la diversité des espèces et les niveaux de population des organismes demeurent relativement constants; la diversité des habitats et les connexions sont suffisantes pour permettre aux organismes de poursuivre leurs cycles vitaux ; les matières toxiques ne s’accumulent pas dans le sol, l’air ou l’eau. Cependant, des études ont montré que les activités humaines qui réduisent la terre à un dépôt de matières premières ont apporté des changements majeurs au-delà des limites acceptables dans les différents composants de l’écosystème et qu’elles menacent maintenant la survie de l’écosystème entier. Parmi beaucoup d’autres éléments, il y a une diminution croissante et disproportionnée des ressources naturelles, un taux croissant de consommation de combustibles fossiles et de peroxyde de carbone dans l’atmosphère. Ceux-ci ont produit un grand déséquilibre dans la composition géochimique de l’écosystème et des perturbations du climat mondial. Dans la même veine, l’usage d’engrais artificiels et de pesticides dans l’agro-industrie est largement responsable du désordre de l’azote, du phosphore, du carbone, du soufre et du sodium de l’écosystème et il a contribué immensément à l’accumulation de ces éléments dans les tissus animaux.

Nous n’avons pas de meilleur choix maintenant que de repenser les évangiles ou plutôt certains des mensonges du modèle économique actuel et une technologie mal dirigée. La technologie n’est pas simplement une branche de science qui répand de la lumière sur l’ignorance humaine à propos de la création. C’est plutôt une branche de la science qui démontre la capacité humaine de développer et utiliser la connaissance et les principes des sciences empiriques pour imposer ses volontés à la création afin de satisfaire des désirs humains sans fond. La technologie a toujours fait partie de l’histoire humaine ; cependant, la différence dans la civilisation du 20e siècle réside dans le fait que le fossé entre les sciences empiriques (connaître) et la technologie (faire) s’est rétréci au point de créer une attitude dangereuse qui promet de satisfaire tout rêve et toute intention des humains. Par conséquent, à la fois le modèle économique de croissance continue et de consommation et la technologie suffoquent et empêchent les réflexions sur la protection de l’écosystème. Au lieu de cela, ils sont utilisés pour renforcer les attitudes et les valeurs qui envisagent la création comme une ressource illimitée. La tragédie réelle est que malgré les défaillances écologiques visibles, les personnes semblables au président Trump vivent toujours dans le déni des conséquences négatives de nos modèles économiques actuels qui pillent les ressources de la terre et des limites de la technologie.

AEFJN invite la communauté mondiale à un engagement radical envers de nouvelles relations avec l’environnement biophysique et envers des systèmes socioéconomiques qui soient durables. Plus qu’aucune prescription éthique, ce qui sera le plus utile pour résoudre notre crise écologique actuelle dérangera invariablement au niveau de la responsabilité personnelle et de la reddition des comptes, parce que toute solution suggérée empiètera directement sur les valeurs personnelles, le caractère, le style de vie et les actions des personnes individuelles et des institutions. Les mesures doivent reconnaître la valeur intrinsèque de chaque créature et embrasser les valeurs de simplicité, frugalité et modération. Ces valeurs servent d’amortisseurs contre la mentalité humaine de désir et besoin continuels, avec une promesse ferme que la technologie les satisfera. Ces valeurs nous enseignent à vivre dans la gratitude et à savoir que tout ce qui brille n’est pas or. C’est un truisme de déclarer que le problème du traitement de la terre comme un système socio-écologique réside dans le domaine du « socio » qui est la sphère des activités sociales et économiques humaines. Ce n’est pas encore sans remède !

Chika Onyejiuwa