Resumé

La sécurité alimentaire, définie par l’interaction de la disponibilité, de l’accessibilité et de l’abordabilité, est un défi mondial persistant, exacerbé par le changement climatique, les conflits géopolitiques et les inégalités dans les systèmes commerciaux. La souveraineté alimentaire, en tant que droit de l’homme fondamental, fournit un cadre pour une action transformatrice visant à lutter contre l’insécurité alimentaire. Cet article s’inspire largement des idées et des contributions partagées par les dirigeants mondiaux lors du Forum mondial de l’alimentation 2024 qui s’est tenu à Rome, en Italie, en octobre 2024, où des questions urgentes et des solutions novatrices ont été mises en évidence. En examinant diverses perspectives, des terres frappées par la sécheresse du Lesotho aux forêts tropicales fertiles du Liberia, cet article plaide en faveur de systèmes alimentaires inclusifs, équitables et durables qui donnent la priorité aux besoins locaux et à la solidarité mondiale.

Introduction

 Le droit à l’alimentation est inscrit dans les cadres internationaux des droits de l’homme, soulignant que personne ne devrait souffrir de la faim. Pourtant, environ 733 millions de personnes dans le monde, soit environ 9,2 %9,2 % de la population mondiale, sont confrontées à la faim, l’Afrique étant touchée de manière disproportionnée, puisque 20,4 % de la population y est confrontée à l’insécurité alimentaire.

En octobre 2024, les dirigeants du monde entier se sont réunis au Forum mondial de l’alimentation à Rome, en Italie, pour faire face à cette crise urgente. Les discussions ont porté sur des solutions réalisables, notamment l’autonomisation des communautés par la souveraineté alimentaire, la promotion d’un commerce inclusif et l’investissement dans des systèmes alimentaires durables. Le présent document s’appuie sur ces délibérations et réunit divers points de vue pour proposer une voie de transformation vers la sécurité alimentaire.

La souveraineté alimentaire, pierre angulaire de la sécurité alimentaire

 Le Forum mondial de l’alimentation 2024 a souligné que la souveraineté alimentaire n’est pas simplement une stratégie, mais un droit. Elle permet aux communautés de définir leurs systèmes alimentaires et garantit que la nourriture est traitée comme un bien public plutôt que comme une marchandise.

1. Disponibilité, accessibilité et prix abordables

Disponibilité : Les dirigeants du Lesotho et du Liberia ont souligné l’importance de la diversification des cultures et de l’adoption d’une agriculture intelligente face au climat pour s’aligner sur les écosystèmes locaux. La recherche de cultures adaptées aux sols et de variétés résistantes à la sécheresse peut atténuer les effets néfastes du changement climatique.

Accessibilité : Les réformes commerciales, y compris la réduction des droits de douane sur les denrées alimentaires essentielles, comme l’a préconisé le directeur de l’OMC, ont été jugées essentielles pour améliorer l’accès aux denrées alimentaires dans les régions vulnérables.

L’accessibilité financière : Les investissements dans les infrastructures rurales, telles que les installations d’irrigation et de stockage, ont été identifiés comme essentiels pour réduire les pertes après récolte et stabiliser les prix du marché.

2. Ne laisser personne de côté

L’inclusivité a été le thème central du forum. Les dirigeants ont souligné la nécessité d’autonomiser les groupes marginalisés : les femmes, les jeunes et les petits exploitants agricoles, afin d’améliorer la productivité et la résilience. L’approche du Bhoutan en matière d’autonomisation des femmes dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire et de promotion de la biodiversité est particulièrement remarquable.

Interventions clés pour la souveraineté alimentaire

 1. Investissements stratégiques et collaboration multilatérale

L’appel du roi du Lesotho à investir dans les systèmes agricoles s’aligne sur l’accent mis par le G20 Brésil sur la sécurité alimentaire. Le financement ciblé de la recherche, des infrastructures et du transfert de technologie est apparu comme une priorité commune.

Les plateformes multilatérales, telles que l’OMC, ont été reconnues pour leur rôle dans les négociations équitables sur les politiques commerciales agricoles, les subventions à la pêche et la résilience climatique.

2. Promouvoir des systèmes alimentaires durables

La présidente du Liberia a présenté un modèle de systèmes alimentaires durables, tirant parti de l’abondance des précipitations et de la fertilité des terres pour promouvoir une agriculture à valeur ajoutée, renforçant ainsi la sécurité alimentaire et la croissance économique.

Les initiatives mondiales de la FAO visant à promouvoir une agriculture sensible à la nutrition et la conservation de la biodiversité constituent un modèle reproductible pour des systèmes alimentaires durables.

3.  Approches intelligentes en matière de climat

 Les impacts du changement climatique ont été un thème récurrent du Forum. Des solutions telles que l’adoption de cultures résistantes au climat, une gestion efficace de l’eau et des pratiques durables d’utilisation des terres ont été soulignées comme étant essentielles pour la sécurité alimentaire.

4.  Partenariats intergénérationnels et intersectoriels

L’engagement des jeunes et la promotion de la coopération intergénérationnelle ont été présentés comme des solutions à long terme aux défis de la sécurité alimentaire. Les partenariats entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé ont été reconnus comme des moteurs de l’innovation et de la mobilisation des ressources.

Études de cas : Perspectives régionales

 Les présentations au Forum mondial de l’alimentation ont mis en lumière les disparités régionales et les stratégies de lutte contre l’insécurité alimentaire :

  1. Lesotho : Les terres arables limitées et les sécheresses récurrentes nécessitent des réformes urgentes, notamment la diversification des cultures et l’accès aux marchés internationaux par le biais d’accords commerciaux régionaux.
  2. Liberia : Modèle de systèmes alimentaires durables, le Liberia tire parti de son potentiel agricole pour promouvoir la production à valeur ajoutée et renforcer les systèmes
  3. Bhoutan : L’approche réfléchie du Bhoutan en matière de sécurité alimentaire intègre la biodiversité, l’action climatique et l’autonomisation des communautés.

Conclusion

 Le Forum mondial de l’alimentation 2024 a souligné l’urgence de lutter contre l’insécurité alimentaire en donnant la priorité à la souveraineté alimentaire. Pour atteindre la sécurité alimentaire, il faut une approche à multiples facettes qui intègre les besoins locaux, la solidarité mondiale et les pratiques durables. Les dirigeants présents au Forum ont souligné que les investissements dans la souveraineté alimentaire d’aujourd’hui détermineront la sécurité alimentaire de demain.

Recommandations

 Augmenter le financement de l’agriculture intelligente face au climat et des infrastructures

  1. Promouvoir les accords commerciaux régionaux afin d’améliorer l’accès au marché pour les économies vulnérables.
  2. Renforcer les plateformes multilatérales pour des négociations commerciales équitables.
  3. Donner aux jeunes et aux femmes les moyens d’être des agents du changement au sein des systèmes
  4. Favoriser les partenariats intersectoriels pour assurer la durabilité et l’inclusivité.

En s’appuyant sur la dynamique du Forum mondial de l’alimentation 2024, les nations et les institutions mondiales peuvent collaborer pour que la souveraineté alimentaire devienne le fondement d’un monde libéré de la faim. Ensemble, nous pouvons réaliser ce droit humain fondamental.

Elvis Ng’andwe