L’une des campagnes les plus réussies de l’année 2000 a permis d’alléger la dette de 37 des pays les plus pauvres du monde. 20 ans plus tard, l’Afrique connaît à nouveau une crise de la dette, exacerbée par la pandémie. Cette nouvelle crise de la dette est devenue une question politique brûlante. Comment cette crise récente est-elle apparue ? Comment y faire face ?

LA PREMIÈRE CRISE DE LA DETTE

La hausse des prix du pétrole dans les années 1970 a inondé les banques de « pétrodollars ». Afin d’investir ce nouveau capital de manière rentable, elles ont proposé, à grande échelle, aux pays en développement des prêts bon marché et risqués.

Cette situation a changé avec la politique des États-Unis sous le président Reagan. De créanciers, les États-Unis sont devenus emprunteurs. Le flux d’argent vers l’Afrique s’est arrêté ; les taux d’intérêt initialement bas ont énormément augmenté. De nombreux pays ne pouvaient plus rembourser leurs prêts. Les institutions financières internationales ont contraint les pays endettés à un programme d’austérité drastique. Les dépenses sociales en matière d’éducation et de santé ont été réduites. Une « décennie perdue pour le développement » s’ensuivit.

Inspirés par l’année jubilaire biblique, au cours de laquelle les dettes étaient remises et les esclaves libérés (cf. Lv 24), les églises et les organisations de développement ont lancé, au tournant du millénaire, une campagne mondiale réussie en faveur de l’allègement de la dette mondiale. 37 pays pauvres très endettés (dont 31 en Afrique) ont bénéficié d’un allègement de leur dette à hauteur de 76 milliards de dollars. Un nouveau départ était possible.

LA NOUVELLE CRISE DE LA DETTE

Aujourd’hui, 21 pays sont en défaut de paiement partiel. D’autres pays sont au bord de la faillite nationale. En Afrique, les plus touchés sont l’Érythrée, la Libye, Sao Tomé-et-Principe, le Zimbabwe, la Somalie, le Soudan, la Zambie, l’Angola, le Mozambique et la RD Congo.

Quelles sont les causes de cette nouvelle crise de la dette ?

– L’allègement de la dette par le Fonds monétaire international (FMI) a augmenté la solvabilité des pays africains, notamment ceux où l’on trouve du pétrole (Ghana) ou du gaz naturel (Mozambique). Les investisseurs étaient à nouveau disposés à accorder des prêts risqués.

– Cependant, l’argent frais n’a pas été investi dans des projets économiquement productifs mais a servi à boucher les trous budgétaires. D’importantes sommes d’argent ont disparu à cause de la corruption.

– La chute des prix des matières premières a entraîné une baisse des revenus pour de nombreux pays. Ils ont ainsi perdu la capacité d’assurer le service des prêts.

– Les guerres civiles ont dévasté des régions entières et empêché tout développement durable.

– Le changement climatique a provoqué des tempêtes, des sécheresses et des inondations qui ont détruit les bases économiques de nombreux pays.

– La croissance rapide de la population nécessite de lourds investissements dans les infrastructures, l’éducation et les soins de santé, ces financements écrasent les pays.

– Comme partout dans le monde, la pandémie de Covid-19 est synonyme de récession économique, de chômage élevé et de disette dans les grandes villes.

Le premier bailleur de fonds de l’Afrique est la Chine.

COMMENT FAIRE FACE À LA CRISE DE LA DETTE

L’épidémie mondiale de covid-19 frappe particulièrement les pays les plus pauvres. Pour aider ces pays, qui manquent de ressources pour lutter contre la pandémie, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont proposé au club des 20 plus grands pays industrialisés (G20) d’accorder aux pays les plus pauvres un report des remboursements et des intérêts jusqu’à la fin de 2021. 73 pays pourraient en bénéficier.

Les organisations qui plaident pour un allègement de la dette saluent cette initiative, mais émettent trois critiques :

– L’annulation de la dette n’est qu’un report temporaire, mais pas une solution au problème, car à partir de 2023, les remboursements et intérêts suspendus doivent être rattrapés.

– Le nombre de pays bénéficiaires est trop faible. De nombreux autres pays ont besoin de la même aide.

– Tous les créanciers ne participent pas. Les créanciers privés et la Banque mondiale sont laissés de côté.

L’alliance allemande pour le désendettement erlassjahr.de réclame depuis longtemps un mécanisme définitif pour les pays surendettés afin de résoudre leurs problèmes à long terme et de leur donner un véritable nouveau départ. Le « Club de Paris » des États créanciers accorde souvent aux États insolvables un délai de paiement plus long et un allégement limité. Mais cela ne fait que reporter le problème de la dette, sans le résoudre.

L’allégement de la dette « est un geste qui aidera les peuples à se développer et à avoir accès aux vaccins, à la santé, à l’éducation et à l’emploi. »    Pape François

 

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