A l’occasion de la divulgation des documents juridiques du procès contre Monsanto concernant le glyphosate (Roundup, herbicide), on nous demande de faire le point. Cela consiste en 54 documents et des centaines de pages + 31 documents à charge.

Ceci fait partie de la continuité de notre discussion sur les dangers des Perturbateurs Endocriniens. Le glyphosate en fait partie mais est aussi accusé de provoquer plusieurs sortes de cancers.

En résumé, la discussion portait sur la difficulté de prouver le lien (tests seulement sur les animaux et arguments géographiques) et sur la mise en balance du principe de précaution avec la gestion des risques d’utilisation (nécessaire) de produits possiblement pathogènes.

La même discussion s’applique ici. Voici – pour faire court – la liste des organismes et des personnes qui sont pour et qui sont contre l’utilisation du glyphosate. Nous sommes concernés par le débat au niveau de l’Union Européenne. L’Afrique ne semble, quant à elle, même pas mentionnée.

Pour:

ORD (Organisme de règlement des différends de l’OMC), Monsanto, Bayer, BASF, le professeur de toxicologie Alfred Bernard de l’UCL, la Commission Européenne, ECHA (Agence Européenne Chimique), EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), Institut allemand d’évaluation des risques, agences japonaise, néo-zélandaise, canadienne et australienne, United States Environmental Protection Agency

Contre:

Parlement européen (en partie), journalistes de LLB et du Monde, étude hôpital Robert Debré (plausible), IARC (Agence Internationale de recherche sur le Cancer), André Cicolella, toxicologue et chercheur français en santé environnementale, Ségolène Royal, « cancérogène probable » pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC, OMS)

En plus de la discussion scientifique, émergent surtout les accusations réciproques de lobbying de sociétés chimiques ou au contraire de société prônant des produits naturels.[1]

Le professeur Albert Bernard de l’UCL parle même de « marketing de la peur », profitant aux politiques…

Selon lui, il faut faire la différence entre les travailleurs agricoles épandant ces produits – surtout les anciens produits mais les nouveaux produits sont bien moins toxiques – et les résidus de pesticides recouvrant fruits et légumes. La contamination par ingestion serait minime. Fruits et légumes, même contaminés, protègent des cancers. Suivant l’attitude du Canada de gestion des risques, le rationnel serait de protéger les agriculteurs et d’interdire l’épandage à une certaine distance des habitations. Et évidemment, se tourner vers une alimentation saine.

[1] Lobby pour remplacer les produits industriels (étude, très médiatisée, ne fait néanmoins pas l’unanimité. Entre autres parce qu’elle est, pour une petite part, financée par l’Union des industries de la protection des plantes, organisation regroupant des entreprises qui mettent sur le marché des produits phytopharmaceutiques à usage agricole.)