Récemment, le discours de la solidarité a été réduit au statut d’action charitable religieuse qu’on décide d’effectuer de son propre bon vouloir. Au contraire, la solidarité doit être une attitude adoptée d’office pour toute conversation constructive sur l’économie mondiale, la protection écologique et l’inégalité. C’est la base de l’inclusion sociale, de la justice et de la paix. Le défi de la solidarité est qu’elle requiert essentiellement une réadaptation du cœur humain à un type différent de système de valeurs qui met le bien commun au centre des décisions économiques nationales. La décision du Président Trump des Etats-Unis de se débarrasser de l’accord historique de Paris en 2015 sur le climat au profit de leur croissance économique présumée grâce au développement de leur industrie du charbon est l’attaque la plus récente contre notre résolution collective de sauver notre planète.

Les scientifiques ont averti qu’une élévation de 2°C suffira à déclencher une série de changements écologiques néfastes de proportions écologiques mondiales. En d’autres termes, une élévation de 2° C suffit à amener l’équilibre écologique mondial au point de rupture. A ce stade, le globe, en tant que système, perdra sa résilience écologique. Le scénario anticipé peut être comparé au point de rupture d’un système élastique tel qu’il est exprimé par la Loi de Hooke[1] ou au déplacement de la position d’équilibre d’un système clos selon l’explication du principe d’Henry Louis Le Chatelier[2]. En résumé, l’évidence scientifique suggère que, par une augmentation de 2°C, la terre va atteindre un ‘point de chavirement’ et sera forcée de se refaçonner écologiquement et autrement. La crainte est que le « nouvel équilibre » de la terre sera largement inhabitable par les êtres humains.

Déjà, beaucoup de parties du monde souffrent de l’effet adverse de l’élévation de température qui a été enregistrée depuis la révolution industrielle. Les plus touchés sont les pays en développement et les petits états insulaires. Des millions de personnes sont forcées d’émigrer à la recherche d’abri et de nourriture. La pression pour accueillir des migrants continue à monter sur l’UE et d’autres nations hôtes. La situation est aggravée par des conflits violents dans beaucoup de pays.

Pour la communauté mondiale, l’accord de Paris de 2015 est l’expression la plus prometteuse de la détermination humaine de traiter les questions de changement climatique. Alors que les nations vont vers une énergie renouvelable et plus propre, le second plus grand pollueur du monde (les Etats-Unis d’Amérique) élabore une stratégie pour polluer davantage sans une pensée pour la capacité du Sud global et des îles vulnérables. Le changement climatique exerce déjà un lourd impact sur les ressources hydrauliques, l’agriculture, la sécurité alimentaire, la santé humaine, l’écosystème terrestre et la biodiversité en Afrique. La situation des pays des petites îles est déjà suspendue à un équilibre délicat prêt à se rompre ; c’est pourquoi la décision du Président Trump de retirer le second pollueur mondial de l’accord de Paris est très inquiétante.

Une fois de plus, cela démontre les habitudes générales du cœur des « grands garçons » de déconsidérer le bien commun dans la poursuite de leur puissance économique et technologique, en oubliant que si quelqu’un manipule d’autres personnes à son profit, le châtiment le rattrapera à la longue. La même attitude de « pouvoir est puissance » continue à gouverner l’attitude générale du monde envers le Sud. La décision de Trump, plutôt que de rendre l’Amérique ‘grande à nouveau’ la rend plus petite car elle laisse graduellement le leadership du monde à la Chine et la Russie. C’est un pas de géant dans la mauvaise direction ! Nous sommes plus puissants quand nous partageons volontairement le pouvoir avec d’autres plutôt que d’exercer le pouvoir unilatéralement contre eux.

AEFJN demande un changement et fait appel au Président Trump pour qu’il revienne sur ses pas dans l’intérêt de notre humanité partagée. L’Etat de Californie (Etats-Unis) a montré que ‘passer au vert’ apporte plus de gains économiques que la méthode débridée d’exploitation des ressources. Ce dont on a besoin, c’est une nouvelle attitude et une relation avec la mère terre, une révision de nos habitudes de consommation, de nos systèmes de valeur et une révision des modèles économiques occidentaux. La joie, c’est que la communauté internationale est toujours disposée à avancer dans la direction déjà tracée, dans le rejet du drapeau de la croissance économique que le Président Trump est en train de porter. Nous la louons fortement !

[1] La loi de Hooke déclare que des forces peuvent causer la déformation d’objets ou d’un système. La manière dont un objet se déforme dépend de ses dimensions, du matériel dont il est fait, de la grandeur et de la direction de la force.

[2] Le principe de Le Chatelier déclare que des changements dans la température, la pression, le volume ou la concentration d’un système aboutiront à des changements opposés dans le système pour arriver à un nouvel état d’équilibre.