Du 31 janvier au 3 février 2024, le Frère Alberto Parise, MCCJ a visité le Secrétariat international d’AEFJN à Bruxelles. En tant que président récemment élu du comité exécutif d’AEFJN, sa visite avait pour but d’organiser un atelier de consolidation d’équipe avec le personnel du Secrétariat international et de visiter les organisations partenaires voisines à Bruxelles. Ce fut l’occasion pour chaque membre d’apprendre à mieux se connaître et de clarifier les tâches administratives au sein du bureau.
La formation des antennes d’AEFJN a été l’un des principaux sujets de discussion. Depuis la pandémie de COVID-19, le rétablissement des contacts, la mobilisation et la mise en réseau ont été les préoccupations d’AEFJN. Alors que l’Europe compte encore des antennes AEFJN en Allemagne et en Irlande, l’Afrique compte des antennes AEFJN au Nigeria, au Cameroun et au Kenya. Le Frère Parise envisage de rétablir l’antenne en Italie pour renforcer les efforts d’AEFJN en Europe, d’autant plus que c’est aussi là que se trouvent la plupart des supérieurs généraux des congrégations religieuses. À cet égard, il a demandé l’aide du Secrétariat international pour rechercher dans ses archives les procédures formelles impliquées dans l’organisation d’une antenne d’AEFJN dans des pays spécifiques.
Visite à la CIDSE
Dans l’après-midi, AEFJN a visité le bureau de Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité (CIDSE). Ils ont été accueillis par Josianne Gauthier, la secrétaire générale de la CIDSE. La CIDSE est un réseau de 18 organisations membres basées en Europe et en Amérique du Nord dont l’objectif est d’œuvrer pour la justice mondiale et de promouvoir un changement systémique pour améliorer la vie des pauvres. Parmi les sujets abordés au cours de la discussion, citons la question de savoir comment communiquer aux États la nécessité de rendre les sociétés transnationales (STN) abusives responsables de leurs actes. Des questions pratiques, éthiques et juridiques se posent chaque fois que l’État ne tient pas les STN abusives pour responsables, principalement par négligence ou parce qu’il tire profit de leurs activités d’exploitation. En outre, les STN sont connues pour transférer simplement leurs activités dans un autre pays lorsqu’elles subissent des pressions de la part de la société civile pour se conformer aux lois de l’État. Même si les STN opèrent dans différents pays du fait de la mondialisation, leur principal pays d’enregistrement légal devrait les rendre responsables devant ses lois. Le Frère Parise rappelle que c’est au cours du 27ème sommet du G8 qui s’est tenu à Gênes, en Italie, du 20 au 22 juillet 2001, que le « système » capitaliste a gagné sur la société civile qui s’est battue contre l’antimondialisation néolibérale en se dispersant violemment, ce qui a entraîné des violations des droits de l’homme, des blessures et la mort de certains manifestants. Outre les questions de plaidoyer communes, Mme Gauthier a également évoqué les défis posés par l’évolution de la dynamique de l’équipe, le travail à domicile étant devenu une pratique courante depuis la pandémie de COVID-19. Le personnel de la CIDSE étant essentiellement composé d’employés internationaux, Mme Gauthier a souligné que l’organisation était devenue leur famille, étant donné qu’ils sont loin de leur pays d’origine.
Réunion Zoom avec MISA
Le 1er février, Frère Parise a participé à la réunion hebdomadaire Zoom de l’Alliance internationale de solidarité avec les Maasai (MISA). MISA est une alliance internationale d’organisations ecclésiastiques et non ecclésiastiques dont l’objectif est de mettre fin aux violations des droits de l’homme auxquelles sont confrontés les Maasai dans le nord de la Tanzanie, en particulier dans la zone de conservation de Ngorongoro et à Loliondo. Depuis 2022, le gouvernement tanzanien expulse par la force les Maasai de leurs terres ancestrales pour créer des parcs de chasse et de jeux exclusifs au nom de la « conservation », en attirant des investissements étrangers d’Allemagne, de Chine et des Émirats arabes unis. Lors de cette réunion, le Frère Parise a prévu d’amener l’Union Internationale des Supérieurs Généraux – Justice, Paix et Intégrité de la Création (UISG-JPIC) à s’engager plus activement dans les préoccupations des Maasai afin qu’elle puisse mobiliser les congrégations membres d’AEFJN en Tanzanie.
Déjeuner de travail avec Manny Yap
Après la réunion de MISA, AEFJN a déjeuné avec Jose Emmanuel « Manny » Yap, le responsable de l’alimentation et de la terre de CIDSE. M. Yap a collaboré intensivement avec le père Chika Onyejiuwa, CSSp, le précédent secrétaire exécutif d’AEFJN, pour coordonner la plateforme de plaidoyer « Our Land is Our Life » (OLOL). Fondée en 2015, OLOL lutte pour la justice climatique, l’agroécologie, les droits fonciers et la souveraineté alimentaire en Afrique. En tant que membre de Vivat International, le Frère Parise a déjà rencontré M. Yap lors de la COP-27 à Sharm El Sheik, en Egypte. Avec le nouveau personnel du Secrétariat international d’AEFJN et les autres partenaires d’OLOL, M. Yap espère qu’une collaboration plus forte sera mise en place pour défendre 1) le Traité contraignant de l’ONU sur les entreprises et les droits de l’homme et 2) la Déclaration de l’ONU sur les droits des paysans (UNDROP) d’ici 2024.
Visite au Foyer Catholique Européen
Le 2 février, AEFJN a visité le bureau du Foyer Catholique Européen, un centre pastoral dédié à l’accompagnement des communautés catholiques italienne, espagnole et polonaise à Bruxelles, en particulier dont membres qui travaillent dans les institutions européennes. Le Père Claudio Visconti, aumônier et directeur, explique que le Foyer Catholique a été fondé par les Jésuites en 1963 pour soutenir les chrétiens qui sont activement engagés dans l’unification européenne. En tant qu’espace de rencontre et de dialogue entre des personnes d’origines culturelles différentes, le Foyer Catholique favorise l’échange de bonnes pratiques entre les organisations. Sofia Tomasi, consultante en financement et projets pour l’UE, explique que le Foyer Catholique aide également à canaliser les fonds de l’UE vers les organisations catholiques italiennes à but non lucratif qui collaborent avec des organisations internationales pour des projets qui soutiennent les programmes de l’UE.
Déjeuner de travail avec José Luis Gutiérrez Aranda
Après la réunion avec le Foyer Catholique, AEFJN a eu un déjeuner de travail avec José Luis Gutiérrez Aranda. Ancien chargé de la politique et du plaidoyer d’AEFJN pendant neuf ans, M. Gutiérrez Aranda a partagé son expérience avec le personnel actuel d’AEFJN. Il a indiqué qu’étant donné que le Secrétariat international est une petite organisation, il est préférable de se concentrer sur quelques politiques économiques importantes de l’UE, car on peut se perdre en essayant de suivre tous les projets de l’UE en Afrique. Bien que l’impact du plaidoyer d’AEFJN ne puisse être mesuré sur le terrain, ses activités de suivi et de plaidoyer peuvent au moins créer une pression nationale sur les gouvernements en sensibilisant le public aux questions pertinentes.
Ces dernières années, les relations entre l’UE et l’Afrique se sont refroidies, comme en témoignent les récents coups d’État dans la région du Sahel. Le Frère Parise observe que l’UE a modifié sa stratégie d’approche des pays africains. Alors qu’auparavant, l’UE fixait principalement l’ordre du jour, elle laisse désormais les États membres de l’UE fixer leur ordre du jour, tandis que l’UE joue un rôle de soutien, comme dans le cas du plan Mattei de l’Italie. Malheureusement, si les institutions de l’UE ou ses États membres prennent l’initiative de fixer l’ordre du jour, les pays africains ne sont toujours pas consultés.
Gutiérrez Aranda travaille actuellement à la Direction de la qualité de la législation du Conseil de l’Union européenne. Il a également présenté au personnel d’AEFJN les différentes institutions de l’UE basées à Bruxelles en leur expliquant leurs fonctions et leur pertinence pour les activités de plaidoyer d’AEFJN.
Visite à la COMECE
En milieu d’après-midi, AEFJN a visité la Commission des conférences épiscopales de l’Union européenne (COMECE). Ils ont été accueillis par le Père Manuel Barrios Prieto, Secrétaire général, qui les a orientés sur la mission de la COMECE. Fondée en 1980, la COMECE est la voix de la hiérarchie catholique dans l’UE en promouvant le « bien commun et une approche centrée sur l’homme » dans ses politiques. Elle dispose d’un personnel nombreux qui travaille sur différents dossiers de plaidoyer. Le Père Barrios Prieto mentionne que la COMECE tente de consolider les points de vue des différentes conférences épiscopales nationales sur des questions données. Il précise que si les évêques ont une position cohérente et forte à l’égard des politiques migratoires et écologiques de l’UE, les sujets « plus techniques » (par exemple l’intelligence artificielle) ont tendance à être plus diversifiés dans chaque pays. Compte tenu de sa position institutionnelle parmi les organisations de l’Église catholique, AEFJN a collaboré étroitement avec la COMECE, en particulier avec les Affaires extérieures de l’UE. Pour cette raison, la COMECE sert souvent d’espace commun pour d’autres organisations confessionnelles à Bruxelles en accueillant des événements clés.
Visite au JESC
En fin d’après-midi, AEFJN a visité le Centre social européen des Jésuites (JESC). Le père Filipe Martins, SJ, le directeur, a orienté AEFJN sur la mission du JESC dans quatre domaines : 1) le leadership, 2) l’écologie, 3) les affaires européennes et 4) la justice sociale. Le Père Martins a mentionné que le CESE est membre de l’Alliance européenne Laudato Si’ (ELSIA), un réseau d’organisations catholiques, qui comprend la CIDSE et la COMECE, qui promeuvent l’agenda du Pape François sur l’écologie intégrale. Parmi ses programmes phares, le CESE organise son Programme de leadership européen (ELP), d’une durée de cinq mois, à l’intention des jeunes futurs dirigeants européens, en leur donnant l’occasion de rencontrer des hommes politiques et des décideurs de l’UE tout en apprenant la valeur du discernement spirituel. L’ELP s’efforce de cultiver des dirigeants qui, comme l’a dit le père Martins, considèrent « le pouvoir comme un service aux autres ». De cette manière, le programme d’inspiration ignatienne aide les jeunes leaders à intégrer la foi et la politique.
Dr. Lawrence S. Pedregosa
Chargé du plaidoyer et de la communication d’AEFJN