Nous vivons dans un temps d’attentes déçues. La révolution pacifique de 1989 avait créé l’espoir d’un monde pacifique et de la victoire de la démocratie. Aujourd’hui, la réalité politique est marquée par des dictatures et des démocraties incapables d’agir. Le Concile voulait renouveler l’Eglise et la réconcilier avec le monde contemporain ; aujourd’hui, l’Eglise est humiliée et paralysée par le scandale des abus. Après un an de lock down, nous espérions un retour à la « normalité » et voilà la « quatrième vague » est arrivée. Face aux catastrophes climatiques nous attendions de la 26e conférence sur le climat des décisions concrètes, et voilà rien que des déclarations vagues.

Quand on regarde les conflits partout dans le monde et les devisions au cœur de l’Eglise, on est tenté de se résigner. Le pape François, au contraire, nous invite d’être des témoins de l’espérance. Il est convaincu que la sagesse de Dieu est plus forte que la bêtise humaine et que son amour est plus fort que notre égoïsme. C’est dans cette conviction qu’il a envoyé le 22 octobre l’Eglise catholique sur un « chemin synodal ». Les diocèses, les institutions ecclésiales, les paroisses et les communautés religieuses sont invités d’échanger leurs expériences douloureuses et encourageantes, d’écouter attentivement les idées de tous et, dans un climat de prière, sentir « ce que l’Esprit dit aux communautés aujourd’hui ». (Act 2,7)

Un document préparatoire décrit ce processus et propose 10 thèmes que nous reprendrons dans nos méditations de carême de l’année prochaine. En octobre 2023, les expériences et les propositions de toutes les églises locales seront présentés dans un synode mondial pour élaborer des recommandations.

Le pape est très conscient qu’un tel processus ouvert représente aussi un grand risque. François est Jésuite et il vit et agit inspiré par la spiritualité des St Ignace. Dans la messe d’ouverture du synode il a défini le chemin synodal comme un processus de discernement.

« Le synode est un chemin de discernement spirituel, un processus de discernement ecclésial qui se déroule dans l’adoration, la prière et le contact avec la Parole de Dieu ». Il a souligné que « le synode n’est pas une « convention » ecclésiastique, une journée d’étude ou un congrès politique, qu’il n’est pas un parlement, mais un événement de grâce, un processus de guérison sous la direction de l’Esprit Saint ».

Sommes-nous prêts à nous engager dans les conditions nécessaires pour un vrai discernement ?

« Écouter et aussi parler avec courage et franchise ». Ecouter vraiment intensément les autres, sans juger ni prodiguer de bons conseils est un défi très difficile et exige une grande discipline.

« Être sans préjugés, ouvert d’esprit et de cœur », c’est-à-dire ne pas savoir à l’avance ce qui doit ressortir à la fin

Être ouvert aux inspirations de l’Esprit de Dieu. Cela nécessite des moments où nous cessons de parler et où nous essayons de sentir en silence ce qui, parmi toutes les idées proposées, est « du ciel » et ce qui est « des hommes, » (Lc 20,4) conscient que « les pensées de Dieu (souvent) ne sont pas nos pensées, et ses voies ne sont pas nos voies ». (Is 55,8)

Vivre l’Avent, c’est attendre la venue du Seigneur, non pas à la fin des temps, mais maintenant, dans notre monde, dans notre Église, sur le chemin synodal. Maranatha – Viens Seigneur Jésus.

Nous vous souhaitons la paix que Dieu seul peut donner pour le temps de l’Avent et de Noël.

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