NOTRE VIE APRÈS LA PANDÉMIE NE DOIT PAS ÊTRE UNE RÉPLIQUE DE LA VIE D’AVANT [1]

En tant que réseau de femmes et d’hommes religieux dont les missionnaires travaillent dans les villages les plus reculés d’Afrique, AEFJN dispose d’informations et d’expériences de première main au sujet des plus pauvres de ce beau continent. En vertu de notre appel à marcher sur les traces de Jésus pour leur apporter la bonne nouvelle, nous sommes très attentifs au « cri des pauvres et au cri de la terre»[2] en Afrique. Face au Covid-19 dans ce continent nous parlons d’expérience. Notre témoignage vient du fond de notre cœur (Prob. 4:23). En cette période de pandémie de Covid-19, nous n’avons pas seulement fait l’expérience de notre interdépendance et de notre vulnérabilité mais la pandémie du coronavirus a encore plus exposé les failles de notre système économique. Cette calamité a bouleversé toutes les dimensions de la vie et a rendu l’avenir de l’Afrique tout à fait imprévisible maintenant. La pandémie n’a pas encore atteint son point culminant en Afrique; cependant, les conséquences imminentes et les prévisions disproportionnées maintiennent le monde au bord du gouffre.

L’impact économique de la crise sanitaire mondiale ne doit pas être sous-estimé. En fait, le Covid-19, parmi ses effets secondaires, a déclenché une poussée récessive spectaculaire sur l’économie africaine. L’effondrement du tourisme et des exportations à la suite de la fermeture des frontières, la volatilité, sur les marchés financiers internationaux, du prix des matières premières, du pétrole en premier lieu, ont mis les économies nationales africaines à genoux. Selon la Banque mondiale[3], toutes les conditions sont réunies pour une crise alimentaire imminente. On prévoit une contraction de la production agricole africaine de 2,6 à 7 % suite, surtout, aux blocages commerciaux et au fléau acridien qui infeste de nombreux pays, surtout à l’est du continent. La Banque mondiale a également émis l’hypothèse qu’en raison de la pandémie, la croissance économique de l’Afrique subsaharienne pourrait se contracter de « +2,4% en 2019 à -2,1% en 2020 », précisant qu’il s’agirait de la « première récession depuis 25 ans»[4].

Par conséquent, nous appelons à une reprise mondiale post-COVID juste. Cette reprise doit comprendre les points suivants sans pour autant être limitée à ceux-ci.

– un système alimentaire durable,

– l’annulation du fardeau de la dette de l’Afrique et

– des transitions énergétiques justes. 

Tout cela dans le cadre des négociations en cours sur le commerce et les investissements entre l’UE et l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS).

Dans la même veine, nous appelons l’UE et les dirigeants africains à soutenir la discussion en cours sur le traité des Nations unies pour la réglementation des sociétés multinationales. C’est le moyen le plus concret et le plus pratique d’aider l’Afrique à renaitre des cendres de la pandémie.

La communauté mondiale a démontré qu’elle avait la capacité d’agir et de vivre différemment. C’est maintenant l’occasion de traduire ces beaux mots en une détermination et une solidarité permanentes pour faire face à des menaces plus grandes et à plus long terme.[5] Nous devons courageusement sortir des sentiers battus et emprunter la voie qui mène à une civilisation de l’amour. Nous ne devons pas perdre l’occasion de nous aventurer sur de nouvelles voies et de proposer des solutions[6] innovantes aux problèmes mondiaux qui favorisent notre humanité commune.

André Classens MSC

Président de l’AEFJN

Document en pdf 2006 Communiqué de presse sur le COVID 19

[1] Pope Francis, “Life after the Pandemic”. Libreria Editrice Vatican, May 2020

[2] Pope Francis, “Laudato SI 49

[3] World bank, “COVID-19 Corona virus) Drives Sub-saharan Africa Towards First Recession in 25 Years, 9th April, 2020.

[4] Ibid

[5] Ibid

[6] Ibid