Avant-propos – Jubilé 2025 : Spes non confundit – L’espérance ne déçoit pas
À l’approche du Jubilé 2025, sous la bannière de Spes non confundit « L’espérance ne déçoit pas », nous sommes invités à regarder au-delà des apparences, à écouter le cri des pauvres, de la terre et de ceux qui sont pris dans l’ombre du pouvoir. Le Jubilé n’est pas seulement une célébration religieuse ; c’est un appel prophétique à la justice, à la vérité et au renouveau, en particulier là où l’espoir semble le plus menacé.
Cette édition de notre lettre d’information raconte des histoires d’espoir, l’une au Burkina Faso, l’autre sur les collines du renouveau écologique, et la dernière sur le théâtre géopolitique de l’Afrique centrale. Pourtant, chacune d’entre elles évoque l’âme du Jubilé : le véritable espoir se forge dans la lutte et non dans le sentiment ; il perdure non par commodité mais par conviction.
Dans l’est du Burkina Faso, le centre médical de Béthanie, géré par les sœurs de Notre-Dame des Apôtres, brille comme un sanctuaire au milieu du chaos. Ici, dans une région envahie par l’insécurité et les déplacements, des milliers de personnes trouvent refuge, guérison et dignité. Les portes du centre restent ouvertes aux malades, aux affamés et aux oubliés. Malgré des ressources limitées, les sœurs continuent de s’occuper des personnes déplacées, leur offrant non seulement des médicaments, mais aussi de la chaleur humaine, des vêtements propres et un amour indéfectible.
C’est l’espoir incarné. Dans la voix d’un homme paralysé – « Si Dieu le veut, je remarcherai » – nous entendons l’Évangile vivant dans sa forme la plus pure : résilient, plein d’espoir et ne craignant pas la déception.
L’espérance émerge également dans la création elle-même. L’humble chèvre, grâce à la pratique du « goatscaping », devient un restaurateur d’écosystèmes ravagés par des espèces invasives. Sans polluer, ces douces créatures apportent la guérison à la terre, nous rappelant que Dieu a tissé la résilience dans la nature et que l’équilibre écologique est toujours possible lorsque nous vivons en harmonie avec elle. L’espoir n’est pas un vœu pieux, mais une vérité biologique tranquille.
Mais l’histoire la plus décevante vient des couloirs du pouvoir mondial. L’accord signé le 27 juin 2025 entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, sous l’égide des États-Unis, a été présenté comme un accord de paix. Pourtant, sous son vernis diplomatique se cache un récit de blessures non cicatrisées, d’exploitation et d’omission. L’accord ne mentionne pas les décennies d’incursions militaires rwandaises, le soutien apporté à des groupes armés tels que le M23, ni la douleur des millions de personnes déplacées, violées ou tuées dans l’est du Congo. Les personnes les plus touchées par la guerre sont laissées sans justice, sans reconnaissance et sans voix.
Peut-on vraiment parler de paix sans justice ? Peut-on parler d’espoir tout en taisant la vérité ?
Le rapport de l’ONU publié quelques jours seulement après l’accord met à nu ce que l’accord cache : la présence militaire rwandaise continue, l’exploitation des ressources et un plan voilé d’annexion déguisé en diplomatie. Le peuple congolais peut gagner le silence, mais pas la paix. Il recevra des promesses, mais pas de garanties. Leur terre, riche en minéraux, en forêts, en rivières, faune, … continue d’être négociée sans eux.
Pourtant, même ici, Spes non confundit. « L’espoir ne déçoit pas, non pas parce que l’accord est juste, mais parce que la société civile se lève pour le contester. Parce que la vérité trouve encore des moyens de s’exprimer. Parce que, tant que la mémoire des victimes sera entretenue, la paix construite sur le mensonge ne sera pas éternelle. Le Jubilé nous appelle à nous souvenir que la justice de Dieu n’est pas une note de bas de page, mais le fondement d’une paix durable.
La clinique de Béthanie, les pas des chèvres qui broutent et le cri d’une nation trahie nous rappellent que l’espérance chrétienne n’est ni naïve ni silencieuse. C’est une flamme qui persiste dans l’obscurité. Elle exige du courage. Elle insiste sur la vérité. Et elle refuse de décevoir.
Engageons-nous donc à nouveau dans cette espérance pour la terre, pour les pauvres et pour les habitants de la région des Grands Lacs, dont la dignité n’est pas négociable.
Que notre espérance soit active, nos prières incessantes et nos cœurs inébranlables, car « ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvelleront leur force » (Isaïe 40:31).

Elvis Ng’andwe AEFJN Secrétaire exécutif
