L’année 2020 restera marquée à jamais dans l’esprit de cette génération. Avec l’émergence de la covid-19, tous les plans ambitieux de 2020 ont été réduits à néant. 2020 restera dans l’histoire comme une année qui a défié le pouvoir de la science et les pronostics humains. Alors que l’année touche à sa fin, les retombées socio-économiques de la pandémie continuent à nous défier et nous laissent entrevoir l’année 2021 avec beaucoup d’appréhension, de réserves et d’extrême prudence. En effet, l’homme commence à prendre conscience que, malgré ses progrès technologiques et son exactitude scientifique, l’avenir lui échappe totalement. Face à l’ampleur d’une telle catastrophe les fils d’Adam ont perdu le contrôle du futur. Pourtant, au milieu de ces incertitudes, nous devons envisager l’année 2021 avec beaucoup d’espérance.

L’espérance a plutôt tendance à être vague, illusoire et même superficielle, comme l’a observé très justement le Très Révérend John, Evêque de Salford. Dans une récente émission sur RADIO FOUR de la BBC,  le prélat a dit en riant : « J’espère que nous ne serons pas en retard pour cet événement ». Mais pour les chrétiens qui en comprennent le sens, l’espérance est une vertu bien plus grande. C’est la ferme conviction que, quelle que soit la noirceur qui nous entoure, il y a de la lumière au bout du tunnel. Quelles que soient les difficultés qui se présentent à nous maintenant comme des rideaux opaques, des solutions sont toujours envisageables. Malgré les défis actuels, il y a des possibilités, de bonnes occasions pour s’en sortir et progresser ;  l’obscurité ne peut pas avoir le dernier mot.

Néanmoins, regarder l’avenir avec espoir à partir des décombres d’une année qui a mal tourné est très exigeant. Il est difficile, voire impossible, de danser avec le diable sur les épaules. Dans la chanson « Lord of Dance », l’auteur Leo Buscaglia raconte une histoire prodigieuse au sujet de sa famille. Un jour, son père est rentré du travail et a annoncé qu’il avait perdu tout ce pour quoi il avait travaillé dans la vie parce que son associé s’était enfui avec leur capital. Ce soir-là, sa mère a vendu certains de ses bijoux les plus précieux et a acheté des victuailles pour faire un somptueux festin. Certaines personnes lui ont reproché ses dépenses irréfléchies à un moment où la famine menaçait sa famille. Elle leur a répondu : « le temps de la joie c’est pour aujourd’hui, au moment où nous en avons le plus besoin ; pas la semaine prochaine ; demain est entre les mains de Dieu ».  Son acte courageux a rallié toute sa famille à sa cause. Remplis d’espoir, ensemble, ils ont pu affronter l’avenir avec confiance et assurance. Dieu était à la barre, seul maitre du navire et des flots.

Il ne fait aucun doute que le désir le plus pressant de la communauté internationale est de laisser la pandémie derrière nous, de faire en sorte que les choses reviennent à la « normale ». L’apparition des vaccins indique que l’objectif approche, nous ne sommes plus loin de la délivrance. Cependant, la crainte qui se profile est qu’une fois cette crise sanitaire sous contrôle, les superpuissances économiques s’enfoncent encore plus profondément dans de nouvelles formes de domination, d’exploitation et d’autoprotection au détriment des nations plus faibles. Pour notre humanité, la pandémie est une occasion rêvée pour faire une grande mise à jour sociale et économique. AEFJN souligne que tout effort visant à revenir à l’ère de la géopolitique et de la domination économiques d’avant la COVID-19 signifierait que la communauté mondiale n’a pas fait siennes les leçons essentielles de la pandémie.

Pour aller de l’avant, nous proposons que la communauté mondiale, menée par les puissances économiques, explore les principales découvertes bénéfiques pour notre planète faites « grâce » à la COVID-19, comme la réduction des voyages non essentiels par exemple. Il faut éviter la course folle à la prospérité sans une croissance économique adéquate. Nous vivons au-dessus de nos moyens, en langage populaire on appelle cela « avoir les yeux plus grand que le ventre ». Il est aussi absolument nécessaire de redéfinir les priorités des objectifs des entreprises et des pays. L’Europe et les États-Unis doivent être prêts à surmonter l’inertie de la géopolitique et des dominations économiques tout en explorant les possibilités les plus importantes offertes par la pandémie pour la promotion de la fraternité humaine et de la solidarité sociale.

Récemment, le pape François a noté dans son encyclique (FRATELLI TUTTI) qu’une tragédie mondiale comme la pandémie de la COVID-19 a ravivé le sentiment que nous sommes une communauté mondiale, tous dans le même bateau. Dans ce navire multinational les problèmes d’une personne sont les problèmes de tous [31]. Cependant, la communauté internationale ne s’est pas montrée prête à saisir cette rare opportunité. En effet, la réponse nécessitera un recalibrage du cœur humain pour surmonter l’inertie de l’ego et regarder au-delà du bien-être personnel, des barrières géographiques et des intérêts sociopolitiques. L’objectif devrait être de nous ouvrir aux grands idéaux de la fraternité humaine [52]. Si nous ne retrouvons pas une vision commune et la passion de créer une communauté d’appartenance et de solidarité [36], le nouvel an 2021 pourrait rester dans l’histoire comme l’une des occasions ratées les plus importantes : celle de construire un nouvel ordre mondial et une communauté universelle plus pacifique. C’est le moment, c’est l’instant! « Le temps et les marées », dit-on, « n’attendent personne » ! Dans cette veine, nous tous à AEFJN appelons toutes les personnes de bonne volonté à regarder vers 2021 avec espoir malgré les vicissitudes de 2020 !

Chika Onyejiuwa

AEFJN