L’antenne AEFJN de Nairobi est en première ligne du plaidoyer contre l’Extraction à outrance des minerais au Kenya. Récemment, l’antenne a co-organisé un atelier sur l’industrie extractive pour les parties prenantes.
L’atelier qui s’est tenu à Nairobi a réuni des représentants du ministère des Mines et des membres de l’Assemblée nationale du comté de Kitui dans les circonscriptions où l’exploitation du charbon est faite. L’objectif était de répondre aux préoccupations soulevées par l’extraction. Cet événement a été organisé à l’hôtel Laico à Nairobi par plusieurs partenaires : la société civile, des groupes de défense des droits humains, KCCB, Groupes interreligieux, AEFJN Nairobi, le gouvernement du comté de Kitui et les médias. Plusieurs académiciens ont été invités à donner leur avis sur les études déjà en cours, les effets et aussi l’implication de l’industrie extractive pour la communauté locale, le gouvernement et aussi les mineurs eux-mêmes. Le projet d’extraction de charbon en cours d’exploration dans le bassin de la Mui a suscité un intérêt particulier.
L’exploitation du charbon de Kitui a été proposée en 2003. Elle a été découverte dans le bassin du Mui qui couvre une superficie de 500 km2. A côté d’importants gisements de charbon dans le bassin de Mui, on trouve également des quantités importantes de minerai de fer ainsi que quelques traces de cuivre et de calcaire. Le bassin du Mui s’étend sur les sous-comtés de Mwingi Est et Centre, Mutitu et Kitui Central. Des recherches sont en cours pour confirmer la présence viable de réserves de charbon dans la région, estimées à 400 millions de tonnes. Toutefois, en raison d’une préparation inadéquate et d’autres facteurs logistiques nécessaires à l’extraction, l’opération n’a pas encore commencé.
Les experts ont décrit l’aventure de l’extraction du charbon comme un avantage et un inconvénient à la fois. Ils énumèrent les raisons scientifiques de ses avantages : utilisation de l’énergie, production et fabrication de l’acier et du ciment. D’une part, les experts ont mis en lumière plusieurs points forts de la façon dont la découverte et l’extraction du charbon dans le comté de Kitui peuvent changer la vie des gens dans la lutte contre la pauvreté. Mais d’un autre côté, ils ont aussi souligné comment l’exploitation minière peut devenir le cauchemar de la population étant donné les nombreuses répercussions qui peuvent se produire. La dégradation de l’environnement, les émissions et la pollution qui constituent une menace pour la santé humaine et l’environnement sont les principaux facteurs de lutte contre l’extraction du charbon. « Il y a un décalage croissant entre les demandes sociétales d’action contre le changement climatique et le rythme réel des progrès, la demande d’énergie et les émissions de carbone augmentant à un rythme vertigineux depuis des années. Le monde est sur une voie insoutenable. Il ne s’agit pas d’une course aux énergies renouvelables, mais d’une course à la réduction des émissions de carbone sur de nombreux fronts » (par Spence dale, 68e revue statistique BP 2019).
Des données ont été utilisées pour montrer les prévisions de la demande mondiale de charbon. Si l’on examine les chiffres, on constate que la consommation augmente, mais qu’elle est susceptible d’être affectée par l’introduction d’énergies alternatives en raison de la croissance du gaz naturel et des énergies renouvelables. La production d’acier et de ciment dépend du charbon, malgré les risques qu’il comporte.
Parmi les nombreuses entreprises qui ont manifesté de l’intérêt et qui ont fait appel au ministère des Mines, mentionnons Palak Steel Mill Ltd, Jung’u Mining Industry Ltd, Fenxi Industry Mining Industry. Une entente de partage des avantages a été signée entre les dirigeants de Kitui et ces entreprises.
Il a été rapporté que la communauté locale a soulevé une objection contre l’implantation de l’industrie minière de charbon. Les gens se sont même adressés au tribunal pour qu’il soit mis fin à toute exploration plus poussée des travaux.
Les partenaires effectueront une visite combinée dans le bassin de la Mui afin de contre vérifier certaines des informations fournies. Ce sera aussi l’occasion de rendre compte à la communauté de certaines des mesures prises jusqu’à présent. Cette expédition aura pour but de voir si la population locale a pris une opinion différente de celle de l’époque précédente.
Les membres du Parlement ont apprécié les efforts de l’Église pour maintenir en vie la défense des intérêts de l’industrie houillère. Ils ont noté avec gratitude que, depuis que l’Église continue à soulever des questions qui affectent les gens, de tels ateliers ont contribué à ce que le charbon parmi d’autres débats se poursuive. Beaucoup d’études sont en cours et les communautés locales sont de plus en plus conscientes de leurs droits et obligations en matière d’utilisation de leurs ressources.
Défis à relever
– Faute de données industrielles de qualité et de capacités techniques minimales, le Kenya ne compte que 300 géologues.
– Le budget alloué à ce secteur est faible et les compensations resteront donc une question épineuse qui a retardé le démarrage du projet.
– Intérêt politique et ingérence négative. De telles intrigues politiques ont également empêché l’exploitation du charbon de reprendre.
– Manque de capacité accrue des populations à déterminer et à faire un choix
Quelques alertes à considérer par le gouvernement et les compagnies minières
- Préparation à la dégradation de l’environnement
- Pollution et émissions
- Le changement climatique et ses effets.
- Participation du public
- Politique de sauvegarde, choix et scénarios
Rôle des partenaires
– Formation d’un comité de liaison pour guider les activités charbonnières et terrestres dans la région
– mener des activités d’éducation civique et faciliter la participation du public avant d’entreprendre des travaux miniers.
– Élargir la collaboration afin de réengager les personnes désengagées et de ré-inspirer les personnes réticentes et découragées.
L’antenne d’AEFJN à Nairobi va
– Faire passer l’information à la base pour réveiller et améliorer la qualité de la participation du public – 2020
– Améliorer l’éducation civique de la population locale pour qu’elle puisse exercer son droit de dire « non » –
– Engager la classe politique et le gouvernement à soumettre les traités à l’examen du public d’ici mars 2020.
– S’engager avec d’autres partenaires et le ministère des Mines pour faire connaître d’ample information –
– Assurer le profilage des entreprises concernées et de leurs pays d’origine – juin 2020
– Établir des partenariats avec des experts et des chercheurs afin de mieux faire comprendre l’exploitation du charbon à la collectivité.
Par le P. Makau Niko, imc