« Au lieu de donner la priorité absolue à la production alimentaire, l’Éthiopie mise sur la production de biocarburant et la culture de fleurs pour l’exportation. »

 – Ulrich Delius, GfbV-Afrikareferent

Les fleurs fraîches représentent un marché de plusieurs milliards de dollars dans lequel l’Afrique tient la première place comme exportateur. Pour le Kenya en particulier, l’exportation de fleurs est devenue un facteur économique important. D’où proviennent les fleurs africaines que l’on trouve sur nos marchés ?

Une industrie en pleine croissance

Une grande biodiversité et des bonnes conditions climatiques favorisent  la production des fleurs dans plusieurs pays africains, qui a connu une forte croissance ces dernières années. Malgré la forte concurrence des pays d’Amérique latine et d’Asie sur le marché international, l’Afrique a pu conquérir de nouvelles parts de marché. La qualité élevée des produits africains y contribue, tout comme la main-d’œuvre bon marché et la proximité géographique des marchés européens.

L’exportation de fleurs a largement contribué à la croissance économique de certains pays et a créé de nombreux emplois dans la culture, la récolte, le tri, l’emballage et l’expédition des fleurs. Ce sont surtout les communautés locales qui en profitent et qui utilisent les revenus pour construire des écoles et des centres de santé et pour améliorer l’infrastructure. De nombreuses entreprises n’investissent pas seulement dans la formation des travailleurs de leurs propres fermes florales, mais aident également les agriculteurs locaux des villages environnants à produire de manière autonome. Pour ce faire, elles leur proposent des programmes visant à produire de manière plus durable et à devenir plus efficaces dans les méthodes de garantir la qualité de leurs produits.

Ce sont les femmes qui en ont le plus profité, car elles représentent une part importante de la main-d’œuvre. Certaines entreprises ont une politique explicite visant à promouvoir les femmes et à leur donner les moyens de réussir, y compris à des postes de direction. Elles apportent ainsi une contribution importante à l’égalité des genres et à l’ascension économique et sociale des femmes.

La production de fleurs n’est pas seulement un facteur économique. Elles contribuent à la qualité de vie des gens et sont une source de joie et de bien-être pour des millions de personnes. Les fleurs ont également un effet thérapeutique et ont donc leur place dans les hôpitaux, les centres de rééducation et les centres santé.

Durabilité

Des voix critiques accusent l’industrie florale africaine de ne pas être durable. Ce n’est pas le cas de la plupart des entreprises, qui ont de bonnes raisons de rendre leur production durable. Elles essaient de réduire au maximum les produits chimiques et de recourir plutôt à des méthodes naturelles afin de préserver les insectes utiles et la biodiversité.  L’énergie nécessaire pour les serres est de plus en plus générés par des installations solaires et les besoins sont réduits grâce à des améliorations techniques. Grâce à des systèmes d’irrigation sophistiqués, la consommation d’eau est également réduite au minimum. Une production durable est soumise à des normes stricts et est contrôlée et certifiée par des organisations indépendantes.

Les pays les plus avancés

Les pays qui ont le plus profité sont :

Le Kenya :

Le pays est devenu l’un des principaux exportateurs de fleurs, créant ainsi une croissance économique et de nouveaux emplois. En 2024, le Kenya a exporté une douzaine de variétés de fleurs différentes vers 60 pays du monde entier, pour une valeur de 1,09 milliard de dollars, soit environ un tiers des recettes en devises du pays. On s’attend à une croissance annuelle d’environ 5%. Les principaux clients sont les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Norvège.

L’Éthiopie :

Avec ses 85 plantations de fleurs, l’Éthiopie est le deuxième pays exportateur de fleurs. Le climat y est particulièrement favorable à la culture des roses. Avec 7 heures de vol, l’Éthiopie est le pays le plus proche de l’Europe. L’aéroport moderne d’Addis-Abeba et une chaîne de refroidissement permettent une exportation sans problème. L’exportation de fleurs est également florissante en Tanzanie et en Ouganda.

Des effets negatives

Le boom des fleurs peut également avoir des effets secondaires négatifs : La culture nécessite de grandes quantités d’eau, ce qui peut menacer l’approvisionnement en eau pour la population, surtout dans les régions où les pluies sont rares. Parallèlement, les sols et l’eau risquent d’être empoisonnés par les pesticides. En raison du chômage grave, les ouvriers sont souvent exploitée et payés des salaires minimes. Les critiques portent également sur le fait que les gouvernements encouragent les plantations pour les produits d’exportation, au lieu de donner la  priorité à la production de la nourriture pour la population locale.

Wolfgang Schönecke

Antenne Allemande d’AEFJN