Alors que le monde a les yeux rivés sur les conflits en Ukraine et en Palestine, un nouveau centre de crise s’est développé en Afrique de l’Ouest suite à une série de coups d’État militaires sans attirer beaucoup d’attention.

 

 

Coups d’état en Afrique de l’ouest

Au cours des trois dernières années, des militaires ont pris le pouvoir dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest : en 2021 au Mali et en Guinée, en 2022 au Burkina Faso, et en 2023 au Gabon et au Niger. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi que la communauté internationale ont condamné ces actes de violence. Pour légitimer leurs coups d’État, le Mali, le Niger et le Burkina se sont retirés de la CEDEAO et ont créé leur propre alliance militaire, l’Alliance des États du Sahel. La CEDEAO a alors suspendu les sanctions et entamé des négociations avec les putschistes. Entre-temps, les gouvernements militaires avaient trouvé un nouveau partenaire pour les livraisons d’armes et la coopération militaire : La Russie, qui fait de gros efforts pour remplacer les puissances Européens en Afrique.

L’échec de la démocratie

Les trois pays faisaient partie des neuf États de la Fédération des colonies françaises d’Afrique de l’Ouest. Même après l’indépendance, la France a continuée d’avoir une grande influence dans ses ex-colonies grâce à une présence militaire et des élites politiques formées en France et imprégnées de la culture française.

De nombreux États d’Afrique de l’Ouest ont connu plusieurs coups d’État militaires entre 1965 et 1985. C’est dans les années 80 que des gouvernements démocratiques se sont imposés graduellement.

Mais l’espoir de la population, que les nouveaux gouvernements démocratiquement élus pourraient améliorer leur niveau de vie, ont été le plus souvent déçus. Les problèmes d’une inégalité économique flagrante, d’une corruption généralisée des élites et le manque de services sociaux dans les domaines de l’éducation et de la santé ont persisté. La démocratie a perdu peu à peu le soutien de la population.

Les Putschists bienvenues

Souvent les gens ordinaires expriment ouvertement leur support pour les militaires, qui ont pris le pouvoir.
Il y a plusieurs raisons pour comprendre leurs réactions.

– Chaque nouveau gouvernement suscite un nouvel espoir  d’une amélioration des conditions de vie dans une population privée des nécessités de vie.

– Il y a aussi le fait que même après des décennies d’indépendance la France continue à maintenir une force d’intervention sur place pour protéger les gouvernements qui lui sont favorables et qui protègent les intérêts économiques de la France. C’est perçu comme un affront à la souveraineté nationale. Le premier acte des nouveaux putschistes au Niger, qui consistait à renvoyer chez eux les Français détestés, a été salué par la majorité des gens.

– Le fait que ce soient surtout des entreprises françaises qui exploitent les ressources naturelles de ces pays est perçu comme une forme de néo-colonialisme. On préfère  des investisseurs chinois ou russes, qui ne sont pas encombrés par un passé colonial. Le première acte du nouveau régime militaire était de retirer à l’entreprise française Orano sa licence pour l’extraction d’un dépôt d’uranium estimée à 200.000 tonnes.

L’armée allemande a participé au Mali avec un total de plus de 20.000 soldats aussi bien dans le cadre de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM) de 2013 à 2023 pour entraîner l’armée malienne que dans le cadre de la mission MINUSMA de l’ONU.

Un dilemme pour la coopération

L’acceptation des dictateurs par la population représente un dilemme pour la coopération au développement allemande. Elle s’engage à promouvoir les droits de l’homme et devrait en fait stopper l’aide au développement aux régimes autocratiques. D’autre côté, la société civile est la seule force capable de provoquer un changement démocratique. Le défi consiste donc à renforcer les organisations de la société civile orientées vers la démocratie, sans  soutenir les régimes militaires.

 

« Les développements dans la région du Sahel sont trop importants pour que l’Europe et l’Allemagne puissent se retirer complètement. Après la fin de l’intervention de l’armée allemande au Mali, le gouvernement allemand devrait continuer à s’engager dans la région sur le plan diplomatique et de la politique de développement et à coopérer avec les forces de la société civile. »

Welt ohne Kompass, das Friedensgutachten 2024

 

Références:

https://friedensgutachten.de/

www.bundeswehr.de

 

Wolfgang Schonecke

Antenne allemande d’AEFJN