Ce quartier de la ville de Mora, département du Mayo Sava dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun est devenu le centre d’accueil de plusieurs communautés de personnes déplacées internes (PDI) ayant fui les exactions des insurgés islamistes Boko Haram venus du Nigéria voisin. Sur son élan de promotion de l’accueil solidaire des PDI engagé depuis 2020, l’Association Foi et Justice est allée à la rencontre de certains de ces déplacés.

L’équipe de coordination Foi et Justice en visite dans un camp de déplacés à Mora

Si la guerre contre Boko Haram a fait plusieurs morts au Cameroun, elle en a fait également plusieurs déplacés in ternes repartis dans les quatre coins du pays. A la recherche d’un abri, ces derniers ont trouvé refuge soit dans des camps de réfugiés, soit dans des centres d’accueils communautaires.

Un véritable parcours du combattant

Partis de Amchidé dans le Mayo-Sava (Extrême-Nord Cameroun) en 2014, la famille de Fanne Ngoudja, 20 ans et plusieurs autres ont dû parcourir plus de 60km à pied pour fuir la mort.  « C’était très difficile mais on n’avait pas de choix. Si on restait là-bas, force ment on allait tous mourir », s’écria la jeune dame. Une mort promise par les insurgés djihadistes Boko Haram, venus du Nigéria voisin. Laissant bétails et cul tures, ces familles ont tout abandonné pour trouver refuge dans la ville de Mo ra. Avant de rejoindre cette terre pro mise plusieurs des leurs ont péri. Les uns à cause du parcours difficile, les autres sous le feu des munitions des attaques perpétrées de ces rebelles.  Certains ont été également enlevés.  Surtout les jeunes hommes dans le but de rejoindre les forces rebelles. Quant aux femmes, leur captivité se résumait à une utilisation d’esclaves sexuels.

Un accueil qui réchauffe les cœurs

Logés au départ dans l’enceinte du stade municipal, ce lieu a été amélioré dans une bâtisse offerte gratuitement par Dr Moussa, propriétaire d’une cli nique privée de la place. Dans cet endroit, 21 familles (constituées de près de 80 personnes, dont les femmes et enfants sont les plus nombreux) se partagent quelques locaux qui jadis servaient de poulailler. Dans cet environnement de misère le petit commerce est la principale activité de source de revenu. Ils vivent également des dons des bienfaiteurs qui, de temps en temps, passent avec des denrées de première nécessité. Cependant ceux-ci restent largement insuffisants d’autant plus qu’ils sont saisonniers. Si dans ce premier centre d’accueil visité par l’Association Foi et Justice, les déplacés internes ne déboursent aucun franc comme frais de logement, ce n’est pas le cas du second centre situé environ 200 m du premier. Ici, les déplacés internes payent la terre où sont battis leurs cases en pailles. Cette somme est évaluée à deux sacs de mil par an.

Rodrigue BIKELE

AEFJN Cameroun